: nouvelles technos, SOS syndromes.
COU BLOQUÉ, RIDE DU SMARTPHONE, TROUBLES DE L’ATTENTION, DÉPENDANCE… L’HOMO TECHNICUS VIT DANGEREUSEMENT ! FACE À CET AFFOLANT AFFLUX D’E-PATHOLOGIES, IL EST URGENT DE RÉAGIR. TOUR D’HORIZON DES ANTIDOTES.
LES RAVAGES PSYCHOLOGIQUES DES NOUVELLES TECHNOLOGIES AU QUOTIDIEN, on commence à connaître ! Le business toujours plus florissant de la détox digitale a d’ailleurs vite réagi : on ne compte plus les applis – un comble ! – qui aident à devenir plus raisonnable en cas d’addiction légère… Plus subtil car plus universel (on ne nous traite pas de malade, juste de victime innocente !) est le tout nouveau marché lié aux micro-pathologies physiques, elles aussi générées par cet usage abusif.
Cela fait déjà deux ou trois ans, en effet, que le monde de la beauté s’émeut de l’avènement de la « ride du smartphone », cette nouvelle venue au panthéon des vacheries de la modernité. Quèsaco ? Il s’agit tout simplement de ces sillons horizontaux fâcheux qui apparaissent sur les cous, mêmes jeunes, souvent crispés et penchés sur un écran. Le menton collé à la poitrine forme un disgracieux bourrelet qui finit par laisser des traces : on ne vous fait pas de dessin…
La plupart des maisons ont déjà retravaillé et enrichi leurs soins spécifiques pour lutter contre le « text neck » (cou du textoteur), puisque cette mauvaise habitude a déjà récolté un petit nom déculpabilisant. Mais elles ne mentionnaient jusqu’alors pas forcément cette spécificité ailleurs qu’en réunion marketing… La seconde vague de produits ciblée sur ce type de dégâts est nettement plus précise : ainsi, la marque américaine NIA (pour Not Into Aging), liée à StriVectin, propose depuis quelques mois une ligne Tech Neck (subtil, non ?) spécialement dédiée aux millennials atteints du syndrome du cou flétri prématurément. « Les rides ne sont pas nouvelles », note fort justement l’une des boss de la marque, Joan Malloy. « Mais la façon dont on les attrape l’est ! Savez-vous qu’en moyenne la jeune génération (des grands ados aux trentenaires) baisse la tête vers son écran 221 fois par jour ? » Gloups ! Effectivement, il est temps d’alerter notre cadette (18 ans) que, outre les cigarettes qu’elle fume contre notre avis, la textomania va vite avoir sa peau ! À voir les grimaces qu’elle fait pour allumer sa cibiche, téléphone coincé sur l’épaule avec l’oreille droite, on lui prédit d’ailleurs le pire ! Peut-être, dans un moment de largesse, lui offrirons-nous un smoothie Better Than Botox (Wild & the Moon), une salade Forever Young (Detox Delight), voire une tisane Selfie (Les 2 Marmottes) pour rattraper son cas ? Cela ne mange pas de kale d’essayer…
À moins que, comme beaucoup de jeunes Américaines, l’ingénue ne prenne les devants, s’en remettant dare-dare à la médecine esthétique, quitte à en faire trop. Pour Linh Pham, fondatrice du site spécialisé Le journal de mon corps, « cette attitude de prévention, couplée à l’obsession de la perfection de la peau induite par les réseaux sociaux chez les 18-25 ans, devrait beaucoup changer, dans un avenir proche, notre regard sur les traitements très précoces ». Et décomplexer complètement leur pratique chez d’autres que les Kardashian. Une clinique esthétique réputée de Lausanne, Entourage, vient d’ailleurs de lancer son abonnement Millenials : - 30 % jusqu’à 30 ans !
L’usage intensif des nouvelles technologies n’a pas que des conséquences esthétiques. Comme le note L’Observatoire Cetelem de la consommation : « Pourquoi pas, demain, aussi, une crème pour soulager les oreilles meurtries par les casques ou un onguent pour favoriser l’agilité des doigts sur les écrans tactiles », maintenant que ces problématiques de millennials sont clairement identifiées ! En attendant ces avancées (majeures !), les ostéopathes branchés communiquent désormais de plus en plus volontiers sur la funeste « iposture », ravageuse pour les cervicales. Ils rivalisent (sur reflexosteo.com, entre autres) de conseils pour éviter à tout prix les positions où la tête est penchée en avant. Si faire « oui-non » régulièrement pour décontracter sa nuque est au-dessus des compétences du start-uper de base, la technologie vient à son secours. C’est bien le moins, vu sa culpabilité dans l’affaire ! Un étonnant boîtier capteur (le iPosture, donc) se pose ainsi à même la peau et se met à vibrer si l’on déroge à la bonne posture de plus de trois degrés (et pendant plus d’une minute)… Mieux vaut ne pas oublier de l’ôter en cas de « date » au sortir de l’espace de coworking ! Au bout de quelques gags intempestifs, l’engin ira peut-être rejoindre, dans le tiroir aux gadgets vertueux de l’Homo technicus 2018, la paire de lunettes anti-lumière bleue censée éviter les maux de tête et la sécheresse oculaire… Ou ce bandeau connecté (Dreem) qui corrige à coups d’ondes sonores le sommeil perturbé des pauvres millennials accablés de notifications. Et couper leur mobile, ils y ont pensé ?
La funeste “iposture” pour les cervicales