Business : Christiane Lambert.
LA PREMIÈRE FEMME PRÉSIDENTE DE LA FNSEA *, ÉGALEMENT ÉLEVEUSE, DÉFEND UNE AGRICULTURE MODERNE ET CONNECTÉE.
Une heure de réveil ? Six heures trente, avec les infos sur Twitter et à la télévision. Quand je suis à Paris, du lundi soir au vendredi matin, c’est radio et tablette. Le lundi, je suis à Angers, mon ancrage territorial (je suis vice-présidente de la FDSEA et de la Chambre d’agriculture). Et du vendredi après-midi au dimanche, je suis dans notre exploitation du Maine-et-Loire (106 hectares de céréales dédiées, grains et paille, à nos 230 truies).
Le pitch de votre poste ? Représenter et défendre les intérêts des agriculteurs.
Il s’agit d’accompagner la transformation de l’agriculture et de répondre aux besoins des consommateurs qui évoluent énormément. De maintenir connectés le monde de la production et celui de la consommation. Et l’alimentation touche de multiples domaines : social, fiscal, sanitaire…
S’il faut remonter à l’origine ? La vocation via mes parents, éleveurs dans le Cantal.
Des obstacles sur la route ? À 8 ans, quand j’ai décidé de devenir agricultrice, seule ma famille m’a encouragée. À 19 ans, quand j’ai voulu m’installer après mon BTS, le banquier du Cantal m’a dit que je n’étais « pas un élément stable et sécurisant ». Plus tard, dans le Maineet-Loire, quand, avec mon mari, nous avons voulu développer l’élevage porcin de mon beaupère, nous avons choisi d’être irréprochables avec une exploitation propre, fleurie et rentable. Résultat, aucun problème de voisinage.
Des accélérateurs de parcours ? En 1992, Jean-Marc Lézé, président du Centre régional des jeunes agriculteurs de l’époque, me convainc d’entrer au bureau national à Paris, alors que j’avais deux garçons de 1 et 3 ans, en me proposant une solution pour me remplacer soit dans l’exploitation, soit auprès des enfants. J’ai opté pour la nounou. Un choix fondamental. Laure travaille toujours chez nous (mais beaucoup moins). Deux ans après, mon mari m’a poussée à accepter la présidence du Cercle national des jeunes agriculteurs – une première, là aussi – et m’a soutenue.
Des résultats à donner ? L’agriculture a beaucoup changé : 33 % des actifs sont des femmes, dont 25 % sont chefs d’exploitation. C’est dorénavant une profession choisie.
Et 30 % des jeunes agriculteurs ne sont pas en succession directe.
Des défis pour demain ? Faire reconnaître l’agriculture comme grand secteur économique et social. Redonner confiance aux agriculteurs, défendre leurs revenus. Conjuguer l’éthique et la high-tech, car l’agriculture sera verte et numérique. Le digital nous apporte beaucoup – il existe déjà 400 start-uppers géniaux qui travaillent autour de l’agriculture.