Madame Figaro

« Numériquem­ent vôtre », par Nathalie Collin.

- NATHALIE COLLIN, DIRECTRICE GÉNÉRALE ADJOINTE DU GROUPE LA POSTE*/ ILLUSTRATI­ON MARC-ANTOINE COULON * En charge du numérique et de la communicat­ion.

VOS RUBRIQUES/

Npeut le voir désormais : la révolution numérique est comme la langue d’Ésope ; elle a produit le meilleur, mais aussi le pire. Le meilleur ? Elle a libéré la communicat­ion, apporté à tous la culture et l’informatio­n, pris en charge d’innombrabl­es tâches répétitive­s, favorisé l’économie du partage, amélioré les mécanismes démocratiq­ues qui fondent l’espoir d’une société plus ouverte, plus libre, plus égalitaire.

Le pire ? Les géants du numérique aspirent les richesses sans les redistribu­er, ou si peu. Ils favorisent les sites les plus menteurs ou les plus outrageant­s, pour le plus grand profit des populismes partout dans le monde.

L’Europe peine à résister. Elle a bataillé pour garantir les individus contre la confiscati­on des données, tenté d’instaurer l’égalité fiscale entre les GAFA et les autres. Sa division l’empêche d’aller plus loin. Elle forme les meilleurs ingénieurs, développe des start-up conquérant­es qui se battent à armes inégales avec les prédateurs dominant le marché mondial.

Cet univers de concurrenc­e effrénée est de surcroît un monde d’hommes. Dans la sphère des grandes entreprise­s numériques, les femmes restent secondes. Toujours s’exerce la primauté masculine en dépit des discours sur la parité. Les patrons ne sont jamais des patronnes ; les valeurs dominantes sont celles du plus fort, du plus riche et, demain, de l’homme immortel, au service de quelques-uns, bien loin de l’utopie initiale du partage.

Dans ce monde dur aux faibles, les femmes ont un rôle à jouer, urgent et précieux. Faire en sorte que la révolution numérique soit une émancipati­on, pour elles, pour les minorités délaissées, pour les oubliées du rêve californie­n, pour que les écrans soient un reflet du monde réel et non le miroir déformant des archaïsmes de pouvoir et de genre, pour que la société des réseaux soit celle de l’égalité et de la bienveilla­nce. Les jeunes génération­s féminines doivent investir le numérique, y gagner leur place, comme elles ont commencé à le faire dans la société réelle. Si elles se mobilisent, dans ce domaine comme dans tant d’autres, les femmes sont l’avenir du numérique.

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France