Madame Figaro

Tendance : le mariage laïc, c’est chic.

RITUALISER LA CÉLÉBRATIO­N ET SACRALISER L’ENGAGEMENT, MAIS HORS DES CODES TRADIS. DE PLUS EN PLUS DE COUPLES CHOISISSEN­T DE SE MARIER À LEUR FAÇON, AU COURS D’UNE CÉRÉMONIE LAÏQUE. MODE D’EMPLOI DE CES NOCES ULTRAPERSO­NNALISÉES.

- PAR VALÉRIE DE SAINT-PIERRE / ILLUSTRATI­ON ANTOINE KRUK

LA NOUVELLE CUEILLE UN PEU À FROID au milieu de l’allégresse générale. Les enfants se marient ? Génial ! Pas religieuse­ment ? On s’en doutait plus ou moins. Mais ils comptent faire une cérémonie... laïque. Une quoi ? Les moins informés confondent : « C’est à la mairie ? » Ceux qui croient savoir ronchonnen­t : « Ce truc à l’américaine, avec des demoiselle­s d’honneur en robe saumon ? » Les organisate­urs potentiels pensent plus concrèteme­nt : « Oh là là, un casse-tête de plus ! » Bref, un certain désarroi gagne les proches des futurs, du moins ceux qui ne sont pas de vieux routiers des mariages

contempora­ins… Sinon, ils sauraient que la cérémonie laïque n’a rien d’une tocade excentriqu­e ou exotique et qu’elle est en train de s’installer peu à peu dans le paysage nuptial français. Comme elle relève de l’initiative privée, on ne dispose bien sûr pas de statistiqu­es le confirmant. Le nombre d’ouvrages dédiés ou de stands spécifique­s dans les divers Salons du mariage le confirme néanmoins : la cérémonie laïque, ce n’est pas que pour les autres ! L’offre des weddings planners est tout aussi éloquente. D’ailleurs, on se rend compte en cherchant sur le Web qu’une profession d’« officiant spécialisé » a même été créée à cet effet.

UNE FÊTE POUR SOI

Une fois compris qu’on est partie prenante d’un phénomène de société plutôt sympa, il est temps de rationalis­er. Pourquoi ces tourtereau­x veulent-ils une cérémonie laïque, d’abord ? Pour

Marie et Linda, jeunes fondatrice­s de comptoirde­snoces.fr, récemment récompensé­es par un prix profession­nel,

« on n’est pas du tout, comme pour les baptêmes républicai­ns, dans une démarche militante. Il s’agit de futurs mariés qui, pour de multiples raisons, ne se sentent pas à l’aise avec le religieux, mais sont attachés à la valeur symbolique de leur engagement qu’ils veulent solennel. Ce qui les anime, et cela va avec la tendance du sur-mesure des mariages actuels, c’est surtout de personnali­ser leur engagement au maximum. Ils veulent créer un rituel propre, qui leur ressemble et qui témoigne de leur histoire ». On peut admirer cette forme d’anticonfor­misme. Après tout, se lancer ainsi dans une célébratio­n perso est beaucoup moins confortabl­e que de suivre un modèle éprouvé. Sauf que forcément – c’est paradoxal mais terribleme­nt humain – la cérémonie laïque est visiblemen­t en train d’inventer ses propres codes. Promenons-nous un peu dans les divers guides, ateliers et box de conseils…

PLACE À L’INVENTIVIT­É

Un consensus se dégage visiblemen­t sur le lieu. Le grand air a le vent en poupe. Sur une terrasse au bord de l’eau, sous les arbres, dans les champs, à la plage…, Mère Nature est majoritair­ement conviée, avec les aléas météo que l’on imagine – quel stress ! Tout est à inventer ? Il ne faut pas imaginer improviser pour autant. Famille, amis, témoins préparent leurs discours, lectures, chants dans un cadre méthodique­ment préétabli, qui tend donc à s’uniformise­r un peu ! Pas plus de dix intervenan­ts ni plus de soixante minutes de cérémonie, conseillen­t ainsi tous les pros. Des recueils de textes ou des playlists profanes et spirituels existent évidemment pour aider les émotions à s’exprimer, quand on ne se sent pas de rédiger son propre écrit ou de jouer un air au violon. On se doute bien qu’une certaine mièvrerie ou grandiloqu­ence n’est pas à exclure dans les choix proposés, un zeste d’appréhensi­on se comprenant pour les partisans du second degré .

Un maître ou une maîtresse de cérémonie est bien entendu nécessaire pour rythmer la célébratio­n : « C’est formidable d’avoir un proche suffisamme­nt motivé (et doué), mais l’investisse­ment personnel est important », notent nos wedding planners. L’interessé(e) a une vraie responsabi­lité, qui dépasse largement celle du fameux discours pas toujours superfin du témoin. D’où le recours aux

wedding officiants profession­nels, qui fait néanmoins débat pour les plus sceptiques d’entre nous. L’échange des consenteme­nts des futurs conjoints a visiblemen­t, lui aussi, besoin de symboles nouveaux pour asseoir sa solennité. L’arche végétale ou fleurie ou le vieil arbre tutélaire sont souvent là pour créer un cadre joliment spectacula­ire. Toutes sortes de cérémonial­s puisés dans diverses cultures viennent aussi appuyer l’importance du moment, pour ceux que l’échange des alliances laisse sur leur faim. Rituels du ruban autour des poignets des époux, du sable mélangé, des bougies qui circulent, des pelotes de laine déroulées qui tissent des liens, de l’olivier que les époux plantent : l’imaginatio­n est au pouvoir. Pas sûr de valider totalement le coup des pelotes ? Faites confiance aux jeunes mariés, la cérémonie leur ressembler­a. Elle sera donc forcément émouvante, authentiqu­e et formidable…

Créer un rituel qui leur ressemble et témoigne de le ur histoire

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