Tendance : le mariage laïc, c’est chic.
RITUALISER LA CÉLÉBRATION ET SACRALISER L’ENGAGEMENT, MAIS HORS DES CODES TRADIS. DE PLUS EN PLUS DE COUPLES CHOISISSENT DE SE MARIER À LEUR FAÇON, AU COURS D’UNE CÉRÉMONIE LAÏQUE. MODE D’EMPLOI DE CES NOCES ULTRAPERSONNALISÉES.
LA NOUVELLE CUEILLE UN PEU À FROID au milieu de l’allégresse générale. Les enfants se marient ? Génial ! Pas religieusement ? On s’en doutait plus ou moins. Mais ils comptent faire une cérémonie... laïque. Une quoi ? Les moins informés confondent : « C’est à la mairie ? » Ceux qui croient savoir ronchonnent : « Ce truc à l’américaine, avec des demoiselles d’honneur en robe saumon ? » Les organisateurs potentiels pensent plus concrètement : « Oh là là, un casse-tête de plus ! » Bref, un certain désarroi gagne les proches des futurs, du moins ceux qui ne sont pas de vieux routiers des mariages
contemporains… Sinon, ils sauraient que la cérémonie laïque n’a rien d’une tocade excentrique ou exotique et qu’elle est en train de s’installer peu à peu dans le paysage nuptial français. Comme elle relève de l’initiative privée, on ne dispose bien sûr pas de statistiques le confirmant. Le nombre d’ouvrages dédiés ou de stands spécifiques dans les divers Salons du mariage le confirme néanmoins : la cérémonie laïque, ce n’est pas que pour les autres ! L’offre des weddings planners est tout aussi éloquente. D’ailleurs, on se rend compte en cherchant sur le Web qu’une profession d’« officiant spécialisé » a même été créée à cet effet.
UNE FÊTE POUR SOI
Une fois compris qu’on est partie prenante d’un phénomène de société plutôt sympa, il est temps de rationaliser. Pourquoi ces tourtereaux veulent-ils une cérémonie laïque, d’abord ? Pour
Marie et Linda, jeunes fondatrices de comptoirdesnoces.fr, récemment récompensées par un prix professionnel,
« on n’est pas du tout, comme pour les baptêmes républicains, dans une démarche militante. Il s’agit de futurs mariés qui, pour de multiples raisons, ne se sentent pas à l’aise avec le religieux, mais sont attachés à la valeur symbolique de leur engagement qu’ils veulent solennel. Ce qui les anime, et cela va avec la tendance du sur-mesure des mariages actuels, c’est surtout de personnaliser leur engagement au maximum. Ils veulent créer un rituel propre, qui leur ressemble et qui témoigne de leur histoire ». On peut admirer cette forme d’anticonformisme. Après tout, se lancer ainsi dans une célébration perso est beaucoup moins confortable que de suivre un modèle éprouvé. Sauf que forcément – c’est paradoxal mais terriblement humain – la cérémonie laïque est visiblement en train d’inventer ses propres codes. Promenons-nous un peu dans les divers guides, ateliers et box de conseils…
PLACE À L’INVENTIVITÉ
Un consensus se dégage visiblement sur le lieu. Le grand air a le vent en poupe. Sur une terrasse au bord de l’eau, sous les arbres, dans les champs, à la plage…, Mère Nature est majoritairement conviée, avec les aléas météo que l’on imagine – quel stress ! Tout est à inventer ? Il ne faut pas imaginer improviser pour autant. Famille, amis, témoins préparent leurs discours, lectures, chants dans un cadre méthodiquement préétabli, qui tend donc à s’uniformiser un peu ! Pas plus de dix intervenants ni plus de soixante minutes de cérémonie, conseillent ainsi tous les pros. Des recueils de textes ou des playlists profanes et spirituels existent évidemment pour aider les émotions à s’exprimer, quand on ne se sent pas de rédiger son propre écrit ou de jouer un air au violon. On se doute bien qu’une certaine mièvrerie ou grandiloquence n’est pas à exclure dans les choix proposés, un zeste d’appréhension se comprenant pour les partisans du second degré .
Un maître ou une maîtresse de cérémonie est bien entendu nécessaire pour rythmer la célébration : « C’est formidable d’avoir un proche suffisamment motivé (et doué), mais l’investissement personnel est important », notent nos wedding planners. L’interessé(e) a une vraie responsabilité, qui dépasse largement celle du fameux discours pas toujours superfin du témoin. D’où le recours aux
wedding officiants professionnels, qui fait néanmoins débat pour les plus sceptiques d’entre nous. L’échange des consentements des futurs conjoints a visiblement, lui aussi, besoin de symboles nouveaux pour asseoir sa solennité. L’arche végétale ou fleurie ou le vieil arbre tutélaire sont souvent là pour créer un cadre joliment spectaculaire. Toutes sortes de cérémonials puisés dans diverses cultures viennent aussi appuyer l’importance du moment, pour ceux que l’échange des alliances laisse sur leur faim. Rituels du ruban autour des poignets des époux, du sable mélangé, des bougies qui circulent, des pelotes de laine déroulées qui tissent des liens, de l’olivier que les époux plantent : l’imagination est au pouvoir. Pas sûr de valider totalement le coup des pelotes ? Faites confiance aux jeunes mariés, la cérémonie leur ressemblera. Elle sera donc forcément émouvante, authentique et formidable…
Créer un rituel qui leur ressemble et témoigne de le ur histoire