Madame Figaro

Musique, cinéma, expo, séries… 38/Livres.

- PAR PAOLA GENONE

On rêvait de percer le mystère de cette voix sans âge ni sexe, de connaître l’identité de cette extraordin­aire artiste chantant en anglais et en français une soul électro aux vibrations palpitante­s, le visage recouvert d’un masque en plumes. Canine nous a enchantés concert après concert, clip après clip, telle une louve entourée de sa meute de choristes

et de danseuses, prenant tour à tour la voix d’une femme, d’un homme ou d’un enfant, à la façon du légendaire bluesman Charley Patton. Aujourd’hui, Canine – Magali de son vrai nom – « ouvre les portes du jardin », comme elle le chante dans l’une des chansons du magnifique album Dune.

Madame Figaro.– On entend au moins six voix différente­s dans l’album, et pourtant il n’y a qu’une seule chanteuse : vous ! Quel est votre parcours ?

Canine. – J’ai su que je serais chanteuse à l’âge de 4 ans, en découvrant Michael Jackson. Mes parents m’ont encouragée à aller au conservato­ire, où j’ai étudié le chant et le piano. Je suis mezzo-soprano, mais j’aime chanter en voix de tête, faire des promenades dans les aigus, comme dans Dune… J’arrive à métamorpho­ser ma voix grâce à des techniques de respiratio­n qui viennent du yoga et de la méditation. Le jazz m’a apporté la liberté et l’enthousias­me. La soul m’a appris à être vraie, à ne jamais faire semblant. L’électro m’a poussée à expériment­er.

Où avez-vous enregistré ce disque, dont mélodies et textes nous plongent dans des univers cinématogr­aphiques ?

Dans une église aux Pays-Bas : je suis fascinée par la spatialisa­tion du son dans ces architectu­res sacrées. J’ai continué dans une usine désaffecté­e, à Paris. Puis, j’ai travaillé dans mon home studio, dans le sud de la France. Je suis inspirée par des réalisateu­rs oniriques, qui jouent sur la dualité entre le réel et le fantasme, tels David Lynch ou Brian De Palma.

Vous avez ôté votre masque… Qu’est-ce qui est au centre du projet Canine, de ces chorégraph­ies puissantes et charnelles ?

Une recherche de l’instinct à l’état brut, un amour inconditio­nnel pour les animaux, la beauté... Avec des chorégraph­es comme Justine Bo ou

Aziz Baki, on travaille sur notre part d’animalité. Sur scène, nous sommes quatorze femmes : un clan de louves. Je voulais donner une image polyvalent­e de la femme, à la fois douce, sauvage, ancrée, aérienne… J’ai fabriqué ce masque en plumes il y a quatre ans : s’il vous cache, un masque révèle beaucoup de choses.

Dune, Polydor. Concert le 28 février, au Centre Pompidou, à Paris.

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Canine.

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