Décryptage. Débat citoyen : et si on tenait parole ?

AU COEUR DE LA CONTESTATION SOCIALE, QUE NOUS APPREND LA GRÈCE ANTIQUE SUR LES CAHIERS DE DOLÉANCES 2.0 ? LA RÉVOLUTION FRANÇAISE, SUR L’EXPRESSION CITOYENNE EN 2019 ? ÉCOUTER LES ÉNERGIES CIVIQUES QUI ÉMERGENT, SORTIR RENFORCÉS DU GRAND DÉBAT NATIONAL, E

“IL NE SUFFIRA PAS D’UN DIALOGUE avec les maires ni d’un grand débat national avec les citoyens pour désamorcer le phénomène des “gilets jaunes” et cette forme de sécession. Il faut de nombreux débats locaux. C’est le lieu qui fait lien. Non plus la parole descendante, la loi du père, mais la construction à partir d’en bas, la loi des frères. Il faut réanimer le pays, lui donner une âme. L’État dans sa verticalité n’est plus la solution.

La prise de parole et la volonté d’ouvrir des cahiers de doléances composent un phénomène important, à condition de ne pas s’en tenir aux revendications matérielles.

Car ce mouvement exprime une mutation sociétale de fond, semblable à celle que nous avons connue avec la Révolution française, où nous sommes passés d’une époque à une autre. L’histoire est ainsi faite d’une succession d’époques, ayant chacune ses valeurs et son imaginaire. Je rappelle qu’en grec le mot “époque” signifie parenthèse. Avant la Révolution, les nobles étaient une caste qui avait des droits car elle avait des devoirs, tout comme le clergé. Peu à peu, ces classes ont gardé les droits sans les devoirs et, par une lente sédimentation, à un moment donné, le système a cassé. C’est quelque chose de cet ordre qui me semble être en jeu aujourd’hui, une révolte des peuples qui ne se reconnaissent pas dans ceux qui ont le pouvoir de dire et de faire. »