PICASSO Éblouissante jeunesse
Bâle, Fondation Beyeler. Un pâle soleil d’hiver éclaire le bâtiment signé Renzo Piano. S’ouvre la plus prestigieuse exposition de l’histoire de l’institution créée par Ernst et Hildy Beyeler, en 1997. « Le jeune Picasso - Périodes bleue et rose » montre 75 tableaux et sculptures, parmi les chefs-d’oeuvre les plus célèbres au monde et, pour la plupart, rarement prêtés. « Picasso peint avec le sang des autres », affirmait Françoise Gilot, l’une de ses femmes. Quel sang ? Celui des êtres aimés, comme sa soeur Conchita, l’ami Guillaume Apollinaire, l’amour fou Eva Gouel, le peintre Carlos Casagemas, mort à cause de la belle Germaine ? Dès la deuxième salle, deux tableaux consacrés au défunt qui inaugurèrent cette période mélancolique : « C’est en pensant que Casagemas était mort que je me suis mis à peindre en bleu », dira Picasso. En 1904, le peintre – qui signe du seul nom de sa mère, gommant le nom de son père, Ruiz, sous le prétexte que deux « s » sonnent comme Matisse – rencontre Fernande Olivier, une belle rousse aux yeux verts. Sa gamme chromatique s’égaie, des roses et des ocres s’invitent pour représenter saltimbanques et autres acrobates. Six années, de 1901 à 1907, couvrent le parcours dont le primitivisme de la dernière toile,
Femme, préfigure Les Demoiselles d’Avignon. Tableau révolutionnaire qui annonce, lui, le cubisme.
Le jeune Picasso – Périodes bleue et rose,