« En mode inspiration»,
par Clara Dufour.
SSur Instagram, le #inspiration prolifère. Il a été cité par 131 millions d’individus, soit quasiment deux fois la population française. Le mot revient comme un gimmick métronomique. Et c’est sans compter ses dérivés tout aussi populaires que sont les #inspirational, #mode inspiration ,# inspiration s style et autres# inspiration sstreatwear. Il traduit un irrépressible besoin de s’ancrer dans une histoire collective et, à l’inverse, de revendiquer un goût, un savoir, une différence. Des inspirations qui créent des communautés d’intérêts et donc des affinités électives. La mode, elle, s’est toujours nourrie d’inspirations éclectiques, de fulgurances référencées, de détails parfois invisibles à l’oeil profane. Elle livre un monde transfiguré. C’est la genèse de la création, le souffle, l’injonction à inventer, à imaginer, à rêver. Tirer le fil d’Ariane d’une idée, partir à la source d’un courant, identifier une allure, c’est peut-être ça aussi la fameuse quête de sens après laquelle tout le monde court. Notre Spécial mode illustre ce pouvoir magique de l’inspiration. On y découvre comment les créateurs font dialoguer les livres qu’ils préfèrent avec les collections qu’ils nous dédient. Comment la directrice artistique Sarah Burton se réfère encore aux archives — et donc à l’oeuvre d’Alexander McQueen — pour mieux imprimer sa vision personnelle de la maison qu’elle a reprise en 2010. Comment certaines muses ici revisitées — Annemarie Schwarzenbach à la beauté androgyne, Grace Jones à la féminité puissante ou Talitha Getty à la fantaisie gipsy — continuent de nourrir notre imaginaire sans jamais se galvauder. Surtout, ce numéro est un kaléidoscope étourdissant d’émotions, de sensations, d’histoires, de rencontres, d’envies stimulantes. C’est un point de départ. À chacune d’explorer ces suggestions, puis de s’en affranchir pour mieux s’exprimer librement. La mode est un terrain de jeu grisant. À nous d’être #inspirées pour mieux nous révéler #inspirantes.