Rencontre : Aïssa Maïga.
DANS LE GARÇON QUI DOMPTA LE VENT, FILM AMÉRICAIN, ELLE A FAIT SENSATION AU FESTIVAL DE SUNDANCE. DEPUIS SON COUP D’ÉCLAT À CANNES L’AN DERNIER, L’ACTRICE EST ÉGALEMENT UNE ICÔNE INTERNATIONALE DE LA CAUSE NOIRE.
Aïssa Maïga est en pleine campagne. Aujourd’hui aux États-Unis, hier au Brésil, avant-hier en France, l’actrice poursuit le combat qu’elle a initié avec son livre Noire n’est pas
mon métier (1), un manifeste écrit par seize comédiennes noires dénonçant les difficultés d’exister dans les métiers du cinéma quand on n’a pas la peau blanche. On se souvient qu’en mai dernier, au Festival de Cannes, toutes s’étaient retrouvées pour une montée des marches militante : l’image des seize comédiennes, le poing levé, a fait le tour du monde.
Depuis, Aïssa Maïga ne baisse pas la garde. À partir de ce livre, de ses témoignages recueillis et des nouveaux filmés en Amérique et en Europe, l’actrice réalise en ce moment un documentaire pour Canal+. « Cela fait plus de quinze ans que ce livre et ce film hurlent en moi ! Mais il y avait une part de voyage intérieur à accomplir avant que la parole puisse se libérer », explique-t-elle. Ce voyage intérieur a commencé par quelques expériences cruelles. La voilà choisie à ses débuts pour jouer une histoire d’amour à côté d’un acteur connu dans une comédie romantique. À la sortie du film, Aïssa constate qu’elle a tout simplement disparu de l’affiche ! Le Noir ne fait-il pas recette ? C’est contre ce plafond de verre que la comédienne veut se mesurer, inlassable à défendre la diversité dans le cinéma français. « La diversité ? Ce n’est pas qu’une comédienne noire cantonnée aux rôles de femme de ménage ou de nounou ! Elle doit aussi pouvoir jouer une magistrate, une médecin, une professeur d’université, bref, tout rôle qu’une comédienne blanche pourrait incarner. » Ce fut son cas à de nombreuses reprises, chez Michael Haneke dans Code inconnu ou Caché, chez Cédric Klapisch dans Les Poupées russes, sous la direction d’Abderrahmane Sissako dans Bamako ou sous celle de Lucien Jean-Baptiste dans Il a déjà tes yeux.