LE ROMAN D’UNE ÉGÉRIE DES SIXTIES
LA NAISSANCE D’UNE ÉTOILE : elle est née au Danemark, le pays de la Petite Sirène, et quand elle débarque à Paris à l’âge de 17 ans, elle s’appelle encore Hanne Karin Bayer. Elle dessine à la craie sur le bitume parisien et se fait repérer à la terrasse d’un café par la directrice d’une agence de mannequins. Elle se retrouve dans le bureau d’Hélène Lazareff, fondatrice du magazine Elle, et y fait la connaissance de Coco Chanel, présente ce jour-là. Cette dernière, l’entendant évoquer son désir d’être actrice, lui fait remarquer que son patronyme ressemble à un nom d’aspirine. « Tu t’appelleras Anna Carina », décrète alors Mademoiselle Chanel. Ainsi soit fait, à une lettre près : ce sera Karina.
LA MUSE D’UNE ÉPOQUE : elle est remarquée en 1959 par Jean-Luc Godard, alors qu’elle vient de tourner une publicité pour Monsavon. Mais elle refuse le rôle qu’il lui propose dans À bout de souffle à cause d’une scène dénudée. La suite fait partie de l’histoire de la Nouvelle Vague et de la légende Godard – même si Anna Karina travaillera avec d’autres cinéastes : des tournages comme improvisés, un esprit d’émancipation, une voix douce et chantante, une démarche dansante, un concentré de fraîcheur et d’insolence, incarnation du vent joyeux et libertaire qui soufflait sur cette période révolutionnaire.
L’ICÔNE D’UN STYLE : celui des sixties, où elle joue la brune face à la blonde incarnée par Brigitte Bardot. Un cocktail de nonchalance naturelle tendance provocation – pas étonnant qu’elle ait plu à Coco Chanel, à qui elle restera toujours fidèle. Yeux de biche, frange effilée, petite robe noire col Claudine ou marinière rayée, casquette de gavroche ou chapeau de paille, manteau sage pied-de-coq ou veste folk, elle est force et fragilité à la fois. Le genre de fille tourbillonnant… sous le soleil exactement.