6 idées pour redonner du sens à son travail quand il en perd
Baisse d’énergie, manque de confiance en vous et d’intérêt pour votre activité ? Il est temps de réagir pour retrouver l’envie de vous investir sans être en mode survie.
1. S’engager
Se sentir à sa place, devenir plus utile et laisser une empreinte positive. Le sens d’un métier réside-t-il alors dans son degré d’engagement social ? « Dans certains cas, oui, explique Julia de Funès, docteure en philosophie et coauteure de La Comédie (in)humaine (Éditions de l’Observatoire, 2 018),. Mais pas forcément : si je travaille pour mes enfants, ça fait sens. Si je travaille pour une reconnaissance sociale, ou pour gagner de l’argent, aussi. Si je travaille juste pour travailler, là, ça coince. Le sens est aujourd’hui à trouver dans l’authenticité de son désir. »
2. Rester cohérent
On peut aimer son métier, et fuir son emploi. Julia de Funès soulève l’idée que les compétences des travailleurs ne sont pas toujours utilisées comme ceux-ci le voudraient. « Beaucoup de métiers se sont technicisés. Or, la technique est censée être un moyen, pas une finalité ! Si je veux apprendre le solfège, c’est pour jouer du piano. Sinon, ça perd tout intérêt. Ce n’est pas la même chose d’utiliser ses compétences en hightech pour vendre des objets connectés que pour participer au progrès de la médecine de l’éducation, ou de tout autre domaine qui sert les autres. Ces questions surgissent très fréquemment après avoir commencé un nouvel emploi. »
3. Exprimer un besoin de reconnaissance
Lorsqu’on a la chance d’avoir trouvé le bon domaine d’activité, le fameux « process » de l’entreprise vide parfois le travail de sa substance. Jusqu’à faire fuir pour se reconvertir et radicalement changer de vie. Certains projets développés par des salariés investis peuvent ainsi passer à la trappe par manque de budget ou de stratégie d’entreprise commune. Des procédures que Julia de Funès analyse dans son livre : « Dans les grandes structures, il existe une mise en compétition des individus qui peut être contre-productive et faire per
dre son sens à un travail. On se demande : “où est mon identité dans le résultat ?” C’est souvent source de mal-être. » D’où l’importance de retrouver sa patte dans une oeuvre. Selon le philosophe Charles Pépin, « ce qui rend joyeux, c’est de mesurer le résultat de ce que l’on fait. Dans les grosses entreprises, où il faut passer par 15 couches de contrôle, c’est impossible. Quand on ne se retrouve pas dans son travail, on ne peut pas en tirer satisfaction. Ni donc obtenir une réelle reconnaissance de ses supérieurs ou de ses collègues. »
4. Changer de voie
Quand le fossé est trop large, deux possibilités : tenter de revivifier son travail, de lui redonner du corps. Ou le quitter. C’est là où s’envisage parfois la reconversion professionnelle. Une récente étude de la Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares) a comparé le métier exercé en 2010 et celui exercé en 2015 de 13 900 personnes. Résultat : 22 % des enquêtés ont changé de métier durant cette période. La Dares note que « les personnes qui changent de métier perçoivent davantage une amélioration de leurs conditions de travail. » Comment expliquer cela ?
5. Se mettre à son compte
Beaucoup de diplômés de grandes écoles changent complètement de voie. Beaucoup de jeunes salariés quittent une grande entreprise parce qu’on ne leur confie pas assez de responsabilités. Ils n’hésitent plus à changer de statut et à devenir artisan. Et sont désormais leur propre patron. Une renaissance. « Beaucoup de diplômés de grandes écoles changent complètement de voie après quatre ou cinq ans en devenant autoentrepreneurs, confirme Charles Pépin. Une “bonne” position sociale et un salaire important ne compensent pas cette sensation de dépossession. » Pour Julia de Funès, « l’important est que les gens redeviennent auteurs et acteurs de ce qu’ils entreprennent. Le bien-être n’est pas à penser comme une performance, mais comme la conséquence d’un travail qui nous ressemble vraiment. »
6. Revisiter sa « boîte à outils »
Comment être sûr de ne pas se tromper de direction ? Parfois, un avis extérieur s’impose pour faire le point. Les travailleurs en mal de sens sont nombreux à fréquenter le cabinet de Karine Jouys Artus, psychologue du travail. « J’identifie leurs ressources, leurs compétences, explique-t-elle. Ce que j’appelle leur “boîte à outils”. On s’engage dans un schéma qui permet de structurer la suite du parcours professionnel et personnel. Pour affirmer sa place dans l’entreprise ou en changer. En faisant parfois la pause nécessaire, qui permet d’arrêter de penser à son travail, pour repenser son travail. » Un break qui a permis à Marine, une jeune pâtissière de se réinventer. Et de faire de cette quête de sens le slogan de sa boutique : « À force de vouloir rentrer dans un moule, on finit par devenir tarte. »