Célébrités : leurs mesures de confinement.
COMMENT S’ACCORDER AU MIEUX AVEC CE TEMPS SUSPENDU ? TROIS PERSONNALITÉS NOUS LIVRENT LEURS ASTUCES.
SAPHIA AZZEDINE écrivaine “Penser autrement”
« Je n’ai pas attendu le confinement pour appeler ma mère… quatre fois par jour ! Je suis confinée avec mes deux enfants de 8 ans et de 4 ans et mon mari. Notre vie est rythmée par les devoirs, les repas, les jeux de société. De temps en temps, nous regardons des vieux films, ceux de mon enfance, les films de Charlie Chaplin par exemple. Pendant mon temps libre, je travaille à la quatrième version de mon scénario Le Monde de la haute couture. Ce qui me frappe surtout dans cette crise, c’est l’égalité devant la vulnérabilité, c’est l’obligation dans laquelle nous nous trouvons tous, quelles que soient nos origines sociales, géographiques, culturelles, de penser autrement le temps et le lien aux autres. Entraide et bienveillance sont plus que jamais requises. Cette crise nous fait retrouver le sens des priorités, nous ramène à l’essentiel. À terme, les liens en sortiront peut-être renforcés. »
Auteure de « Sa mère », Éd. Stock (2017). À paraître chez Stock : « Mon père en doute encore ».
SYLVAIN TESSON écrivain “Les livres consolent”
« “Vivre mon confinement”, voici une expression tout à fait inédite dans l’histoire de l’humanité, car, jusqu’à présent, quand on était entassé dans un lazaret pendant les quarantaines, on ne s’occupait pas de raconter comment on passait le temps. Ma séclusion est fort ordinaire : je suis avec ma famille et j’obéis au règlement intérieur planétaire. L’avantage de la mondialisation : savoir que tout le monde vit le même désastre que vous. Je lis Rimbaud. Dans une lettre à sa mère de 1882, il écrit : “Inutile de se noircir les idées tant qu’on existe”. C’est cela qui est merveilleux avec les livres, ils consolent de ce que l’on entend à la télévision. » « Dans le sillage d’Ulysse avec Sylvain Tesson », vendredi 17 avril, à 17 h 45 sur Arte.
AUDREY DANA actrice et réalisatrice
“Pousser d’un cran mon engagement écologique”
« Je vis dans une très grande inquiétude depuis des années, quand je regarde ce que nous faisons de notre planète. La tragique crise sanitaire actuelle nous a contraints à rester confinés, mais cela a permis d’offrir une pause à la Terre. Depuis, les dauphins se rapprochent de Venise, la qualité de l’air n’a jamais été à son meilleur niveau depuis la naissance de mes enfants… Tout ça m’interpelle. Il faut se dépêcher de ralentir pour la nature : c’en est la preuve. S’il doit sortir quelque chose de positif de toute cette souffrance, c’est ceci : un espoir pour la nature, qui nous donne tout et que nous avons tant saccagée. À titre personnel, j’ai d’ailleurs décidé de pousser d’un cran mon engagement dans ce sens : je filtre déjà mon eau pour ne pas consommer de bouteilles, je suis végétalienne, je roule en électrique et bien d’autres choses, mais ce n’est jamais assez. Je n’achèterai plus jamais rien qui vienne de l’étranger, même pour faire plaisir à mes enfants. J’ai aussi très envie de créer un lieu de repos, de bien-être, de connexion à l’autre et à la nature : je le projetais pour ma retraite, mais ce sera finalement pour demain. »