MON HOMME SE MET AUX FOURNEAUX
Dans la louable intention de participer à l’effort de confinement, il l’a dit, l’a promis, il le fera parfois : il va assurer sa part des quatorze repas hebdomadaires. On pourrait ajouter bassement que les missions passage de serpillière et étendage de lessive restent à pourvoir mais bon, admettons. Cette bonne nouvelle en estelle vraiment une, alors ? C’est à voir. Déjà, au déjeuner, on sait qu’il proposera ses services, tout guilleret, vers 14-15 heures. Soit deux heures au moins après que les enfants ont été nourris… On ne peut pas lui en vouloir, quelques semaines d’expérience de « charge mentale », c’est trop peu ! Et le soir, quand, enfin sorti de ses cinquante-quatre conf calls bruyantes, il est prêt à libérer sa créativité ? Trois cas de figure… Ses dernières tentatives solo remontent à ses chères études ? On peut parier sur de nostalgiques marmites de riz gluant (mais pas exprès) au thon. En boucle ! Jamais un légume, bien sûr. Si c’est un maestro, pas de raison qu’il change de registre : ce sera long, très long ; bon, très bon ; et il y aura beaucoup, beaucoup de vaisselle (qu’il laissera à ses commis). En outre, ce divin boeuf bourguignon et ses sublimes gnocchis à la moelle occultent complètement le fait que ses deux filles sont végétariennes.
Et non, elles ne vont pas faire une exception ! Quant au modèle moins vintage, qui suit en chantonnant l’instarecette d’asperges panées du chef nippon tendance – pendant qu’on s’échine encore sur un Excel quelconque –, c’est injuste, mais il nous énerve…