LA CHRONIQUE DE COLOMBE SCHNECK LECTRICE ET ÉCRIVAINE
Quand j’ai reçu ce livre, avec sa jolie couverture rouge, le bandeau avec des cheveux clairs, la signature d’une journaliste d’un magazine féminin, la quatrième de couverture, le chagrin d’amour et ses désastres, je me suis dit, chouette, voilà le genre de livre qu’on lit comme une barre de chocolat au lait, avec plaisir, mais sans s’en vanter non plus. Et je le lis, l’air de rien... Et d’ailleurs, au début, Monica Sabolo écrit l’air de rien, sans vouloir épater son lecteur, utilise les facilités de la reproduction de SMS, de mails, de photos. Et moi, sa lectrice, je me laisse prendre, je n’en reviens pas, je suis éblouie, je souhaite lui voler des phrases. Son chagrin, c’est le mien, à moi aussi. On a écrit Tout cela n’a rien à voir
avec moi. Je veux aussi lui emprunter son admiration pour l’écrivain Frédéric Berthet qu’elle cite et que je découvre grâce à elle : « Il y a sur cette planète un monde parallèle, le monde où j’aurai pu passer ma vie avec Johanna, où j’aurai pu accepter complètement tout ce qui me serait arrivé
(le monde). » Il suffit de remplacer ce prénom, par un autre, un qui vous obsède. On en a tous au moins un pour être à son tour Frédéric Berthet. Monica Sabolo décrit notre obsession, sans jamais se donner le beau rôle : nos vêtements magiques, nos supplications, nos prières, nos désirs.
Puis arrive la fin du livre qui explose sans crier gare, d’une force destructrice. Pourtant, Monica Sabolo n’appuie rien, un coup apparemment léger, quelques mots. Ce livre date de 2013, depuis elle a écrit deux romans,
Summer et Éden, où elle a déployé un univers romanesque dense, déjà entièrement contenu ici, presque sans le faire exprès. Avec une élégante et magistrale désinvolture.