Madame Figaro

VANESSA MOODY LA BELLE NATURE

Simple, spontanée, adepte d’une mode éthique, la top américaine illumine la planète fashion de son aura discrète.

- PAR ISABELLE GIRARD

C ’EST AVEC LE JEUNE PRODIGE ALEXANDER WANG, designer américano-taïwanais, que Vanessa Moody commence sa carrière de top-modèle, en 2014, à l’âge de 18 ans. Nous sommes en janvier. Elle arrive de Dallas. Une tempête de neige s’abat sur New York au moment où elle atterrit, transforma­nt Manhattan en une station de ski. Dehors, il fait - 20° C. Son coeur bat. Elle est angoissée. Les taxis patinent dans les rues. Elle va être en retard pour ses essais. « J’étais venue pour un simple casting, et puis Alexander Wang a demandé que je reste pour essayer d’autres tenues et imaginer de nouvelles silhouette­s. La mannequin Lexi Boling, dont je savais qu’elle avait fait la une de Vogue Italie, était là. J’étais pétrifiée. Je ne savais rien faire. » Lexi, en bonne camarade, la guide durant cette journée, lui enseignant à marcher, à sourire, à poser. Vanessa apprend vite, et Wang tombe sous le charme de cette grande fille tout simple, mélange d’art brut et de sophistica­tion.

VANESSA MOODY POURRAIT JOUER DANS UN FILM DE ROBERT REDFORD, quand il exalte la beauté de la nature, les bienfaits de la vie des cow-boys dans les plaines de l’Utah, au pied du mont Timpanogos. Un univers que Vanessa connaît. Elle a grandi avec sa famille dans un ranch au Texas, où elle s’occupait des animaux et participai­t aux travaux de la ferme. Sa mère faisait l’école à ses quatre enfants. Son père était ingénieur informatiq­ue. Et, quand elle voulait sa tranquilli­té, elle se cachait dans les arbres pour dévorer ses livres. « J’imaginais des tas d’histoires. Je développai­s une imaginatio­n débordante, que seule la solitude et les grands espaces peuvent vous aider à construire. » De cette éducation très outdoor, Vanessa Moody a gardé une allure de garçon manqué, un corps d’airain, de longues jambes fuselées par la marche. Moody est une beauté franche, au carré, comme sa longue frange qui lui mange le visage la plupart du temps. Elle parle avec la concision de ceux qui savent qui ils sont. « J’adore la mode et mon métier, les designers, les voyages, les shootings... Aujourd’hui, je suis en paix, je me sens bien avec moi-même, avec mes choix. Quand je suis chez moi, dans mon appartemen­t de New York, avec mon chien Indiana, j’aime prendre le temps de me retrouver, de ralentir après une frénésie de voyages, de défilés, de rencontres. » Vanessa Moody a commencé très tôt à flirter avec le monde de la mode, après que son père l’eut convaincu, alors qu’elle n’avait que 14 ans, d’aller voir une agence de mannequins à Dallas. « J’ai obtenu un rendez-vous dans une agence locale, Campbell. Je me souviens être arrivée en jeans et en tee-shirt et, lorsque j’ai vu les autres filles qui se présentaie­nt, j’ai pensé repartir au plus vite. Elles semblaient déjà tellement pros, elles savaient s’habiller, se maquiller, se coiffer, sans doute marcher. J’ignorais tout du métier. » Mais le charme opère. Moody emballe Nancy Campbell, la fondatrice de l’agence, et signe avec elle son premier contrat. « Nancy m’a tout de suite donné confiance en moi. Nous nous sommes immédiatem­ent entendues. »

DEPUIS, LA JEUNE VANESSA A PRIS SON ENVOL. Elle a rejoint Women Management Paris, multiplie les défilés pour Dior, Michael Kors, Fendi, et enchaîne les unes des plus grands magazines avec la même discrète assurance. « Ce métier me plaît parce qu’il est un défi permanent. Il faut être rapide, à l’écoute, créatif, comprendre ce que veulent les designers, les photograph­es et les stylistes, s’adapter. C’est un métier plein de surprises dans une industrie qui devient de plus en plus complexe. La tragédie que le monde traverse avec le Covid-19 est encore un challenge. Le marché va devoir ralentir, s’apaiser, pour s’ajuster à de nouvelles attentes : la mode doit devenir éthique, donner l’exemple, contribuer à sa manière à sauver la planète, à participer à la bonne santé des océans. L’une des conséquenc­es positives de ce tsunami planétaire est qu’il nous oblige à nous demander ce que nous voulons faire de notre vie et de la planète Terre, pour nous et pour les génération­s à venir. Nous venons de recevoir une immense gifle qui nous réveille et nous montre à tous, qui que nous soyons, que nous vivons dans un monde merveilleu­x, mais très vulnérable. Et ça, c’est une vraie leçon. »

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POLO EN COTON, POLO RALPH LAUREN,
PANTALON P.A.R.O.S.H.
Coiffure Romina Manenti @ Home Agency. Maquillage Deanna Hagan @ Bridges Artists, avec les produits M.A.C Cosmetics.
Photos réalisées grâce à l’aimable collaborat­ion de l’hôtel Papaya Playa Project, au Mexique (papayaplay­aproject.com).
PAILLETÉ POLO EN COTON, POLO RALPH LAUREN, PANTALON P.A.R.O.S.H. Coiffure Romina Manenti @ Home Agency. Maquillage Deanna Hagan @ Bridges Artists, avec les produits M.A.C Cosmetics. Photos réalisées grâce à l’aimable collaborat­ion de l’hôtel Papaya Playa Project, au Mexique (papayaplay­aproject.com).

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