LAMYA ESSEMLALI, fondatrice et présidente de Sea Shepherd France *
“L’océan parle à mon âme”
D’où vient votre goût de la mer ?
J’ai grandi en banlieue parisienne, dans un environnement bétonné. Mais chaque été je passais de longues semaines au Maroc, dont mes parents sont originaires. On y campait au bord de l’océan, on vivait à son rythme, et j’y ressentais une liberté incroyable. Devenue adulte, cet amour de l’océan s’est mêlé à celui des animaux. J’ai toujours ressenti une grande injustice : au nom de quoi établit-on une hiérarchie entre la souffrance des hommes et celle des animaux ?
Pourquoi est-ce devenu le combat d’une vie ?
Je voulais monter au front, ne pas me sentir impuissante. Chez Sea Shepherd, nous retirons des filets illégaux, nous faisons face aux baleiniers, nous sauvons des animaux sur le point de mourir. Nous risquons notre vie pour eux, mais je ne vois rien qui en vaut davantage la peine. Si l’océan meurt, nous mourons tous. On le considère pourtant comme un garde-manger inépuisable, une déchèterie, un vivier d’énergie fossiles. Il faut provoquer une prise de conscience.
Qu’est-ce que l’océan vous inspire ?
Il parle à mon âme. C’est un élément indomptable et mystérieux, qui me rappelle ma vulnérabilité, me fait sentir vivante et libre.