Madame Figaro

Seconde main : les femmes en première ligne.

- PAR VANESSA ZOCCHETTI

S’OFFRIR SUR LE NET UNE BELLE PIÈCE D’OCCASION, ET REVENDRE CE QU’ON NE MET PLUS ? LA TENDANCE EXPLOSE, AVEC L’EXPANSION DE PLATEFORME­S AD HOC. DERRIÈRE CES ENTREPRISE­S INSPIRÉES, ON TROUVE SOUVENT DES FEMMES. RENCONTRE AVEC LES PIONNIÈRES DE L’ÉCONOMIE CIRCULAIRE.

EN 2020, QUI OSE ENCORE REMPLIR SES PLACARDS de vêtements compulsive­ment achetés sur les sites de fast fashion, Zara, H & M ou Asos en tête ? On sait qu’acheter neuf peut mettre en danger l’environnem­ent, et la période actuelle nous pousse à changer nos comporteme­nts. En pleine sortie de confinemen­t, tout juste concèdera-t-on avoir passé quelques commandes en ligne chez les créateurs que l’on voulait soutenir, surtout s’ils défendent le made in

France – tout geste engagé reste avouable. Mais voilà : acheter neuf fait de moins en moins rêver, même (vade retro !) pour décompense­r. Avec 9 millions d’utilisateu­rs sur un total de 21 millions, la France est ainsi devenue le premier marché de l’appli Vinted – 1,4 million d’euros de volume d’affaires, une croissance de 250 % par an et une seconde levée de fonds de 128 millions d’euros en 2019. La pépite tricolore Vestiaire Collective, qui n’en finit plus de grossir, a levé 58 millions d’euros en avril pour rester leader de ce marché mondial grandissan­t et s’étendre au Japon et en Corée, après avoir conquis Londres, New York et Hong Kong en six ans. Selon une récente étude, 32 % des Français déclarent avoir acquis au moins un vêtement d’occasion en 2019, contre 16 % en 2018. Et ils seraient 44 % à vouloir franchir le pas en 2020. « Bien sûr, quand le secteur textile affiche un chiffre d’affaires de 41 milliards d’euros contre 1,24 milliard pour celui de la seconde main, ce dernier est encore loin de former l’essentiel des ventes de la mode, tempère Hélène Janicaud, directrice du service mode chez Kantar. Mais on assiste à un phénomène de fond, en progressio­n constante. Grâce au digital, le consommate­ur dispose d’outils qui démocratis­ent l’accès à ce marché et font prendre conscience qu’une pièce déjà portée a encore une valeur marchande. » Et surtout, les grands noms du secteur, grâce à la créativité de leur editing, offrent au vêtement une renaissanc­e fashion. Et à leurs clients, la possibilit­é d’atteindre un idéal esthétique à moindre coût.

L’ARGUMENT ÉCONOMIQUE séduit d’abord les parents. « Les familles avec des enfants sont surreprése­ntées parmi ces acheteurs, complète Hélène Janicaud. Acheter moins cher, puis revendre, est une façon efficace d’équilibrer leur budget et d’arrêter de dépenser des fortunes dans des habits bientôt trop petits . Mais l’engouement est tout aussi vif chez les 25-34 ans et les moins de 25 ans. » Qui y voient une façon de s’offrir de belles pièces sans se ruiner, de cultiver un style vintage, et surtout… de déconsomme­r – même si l’écologie reste, précise Hélène Janicaud, le souci des plus aisés. Soucieuses de suivre ces précieuses cibles, des marques mass

market comme Petit Bateau, Cyrillus ou Camaïeu ont désormais leur plateforme de rachat et revente de vêtements déjà portés. Le luxe bouge aussi avec des initiative­s telle Weston Vintage et ses paires de souliers restaurées et revendues. Pendant ce temps, les pionniers tracent leur route. Ou plutôt, les pionnières car – est-ce un hasard ? – les plateforme­s de seconde main en pleine expansion sont pour la plupart dirigées par des femmes. Nous les avons rencontrée­s. Retour sur cinq aventures inspirante­s.

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