QUATRE FONDATIONS plein sud
ROMAN ÉTRANGER
Une envie de soleil et d’art après un printemps sous cloche ? Ça tombe bien, quatre beaux lieux méridionaux s’offrent à nous.
À SAINT-PAUL-DE-VENCE. La Fondation Maeght rend hommage à Jacques Monory (1924-2018), pour sa première exposition monographique depuis sa disparition 1972, Au bleu du ciel provençal répond le bleu de ses grandes toiles réalistes et urbaines, inspirées de photos personnelles, de la presse et des films américains des années 1950. Un bleu romantique et mystérieux qui était pour l’artiste le symbole « du désir impossible » et de la « mise à distance du monde »…
Jacques Monory,
1).
EN AVIGNON. La Collection Lambert fête ses 20 ans avec deux expositions imprégnées de l’esprit de son fondateur, le grand galeriste Yvon Lambert. Dans la première, il a choisi treize de ses artistes phares à qui il donne une salle entière, dont Cy Twombly, Anselm Kiefer, Christian Boltanski ou Donald Judd. La seconde souligne la force du thème de l’intime dans la collection autour d’un exceptionnel ensemble de photographies
2)
de Nan Goldin 1983, et de pièces de Jenny Holzer, Bruce Nauman, Alice Anderson… À travers les yeux d’Yvon Lambert, 20 ans après…,
Je refléterai ce que tu es… De Nan Goldin à Roni Horn : l’intime dans la collection Lambert,
SUR L’ÎLE DE PORQUEROLLES. Son exposition estivale reportée en 2021, la Fondation Carmignac a la bonne idée de la remplacer cet été par un accrochage de cent photos de reportage sur les droits humains et les enjeux écologiques du Prix Carmignac. L’occasion de (re)voir les passionnants sujets de Robin Hammond au Zimbabwe, ou de Yuri Kozyrev et Kadir van Lohuizen sur l’Arctique
Prix Carmignac du photojournalisme : 10 ans de reportages,
(3).
AU MUY. Au sein du magnifique parc de sculptures où l’on peut admirer des oeuvres de Bernar Venet, Sol LeWitt, Richard Deacon 1992, Richard Long ou Tony Cragg, la Venet Foundation montre une oeuvre conceptuelle spéciale post-Covid : une installation de Lawrence Weiner, visible depuis l’extérieur, dans la longue galerie vitrée.
4),
MATHILDE EST ALSACIENNE, elle choisit de suivre son mari, Amine, au Maroc pour s’occuper de la ferme… Mais rien n’est facile dans le pays des autres, surtout quand une femme, dans les années 1950, a soif de liberté et d’aventures.
LE MAROC, UN PAYS QUI A CONNU UN INCROYABLE BRASSAGE CULTUREL, est en pleine décolonisation, et c’est toute l’histoire de sa grand-mère que Leïla Slimani nous offre avec amour et chaleur. Un magnifique portrait de femme, juste, sensible. Celui d’une époque en pleine métamorphose et placée sous le signe de la guerre, omniprésente. Une histoire et un style qui vous emportent et vous touchent en plein coeur, et le premier tome d’une trilogie qui suit le destin d’une famille marocaine sur plusieurs générations. B. B.
La Fille de l’Espagnole
AVEC CE PREMIER ROMAN, Karina Sainz Borgo prouve l’intense pouvoir de la fiction pour nous engager dans les violences de nos temps. Pendant les manifestations au Venezuela et leurs répressions sanglantes, une jeune femme nommée Adelaida survit.
Elle a été une étudiante en lettres, a été amoureuse, a eu une mère, a vécu dans un appartement avec de la porcelaine et des livres, et tout s’est effondré. Il ne s’agit plus d’un sujet lointain, la peur de son héroïne nous prend. Comment échapper à ce pays où plus rien ne tient ?
ELLE SE SOUVIENT QUE LES FEMMES SE MAQUILLAIENT, « personne ne voulait vieillir ni avoir l’air pauvre. Cacher, farder, sauver les apparences : telle était la devise de la patrie ». Par la grâce d’un dernier déguisement, Adelaida va organiser sa fuite. C. S.