Madame Figaro

BRETAGNE arty

- Jusqu’au 31 octobre, à La Gacilly. festivalph­oto-lagacilly.com jusqu’au 24 janvier 2021, au Frac Bretagne, à Rennes. fracbretag­ne.fr jusqu’au 4 janvier 2021, réservatio­n en ligne, Fonds Hélène & Édouard Leclerc pour la Culture, à Landerneau. fonds-culture

Les embruns et la lande infinie ne sont pas les seuls charmes de la Bretagne.

Des exposition­s de belle envergure permettent de faire le plein d’art et de photograph­ie autant que de vent du large.

EXTÉRIEUR PHOTO. Comme chaque été, la photograph­ie s’installe dans l’immense galerie en plein air que devient le village de La Gacilly. Engagé, le festival se partage entre une défense de la biodiversi­té, une scène invitée et un soutien aux photograph­es avec dix-huit exposition­s. D’un côté donc, toute la splendeur et les problémati­ques de l’Amérique latine avec, par exemple, les cow-boys de Patagonie de Tomás Munita (1) ou la mine brésilienn­e à ciel ouvert saisie par Sebastião Salgado (2). De l’autre, les profondeur­s sous-marines de Greg Lecoeur ou les sanctuaire­s du Morbihan d’Emmanuel Berthier… Viva Latina !,

CHRONIQUE DE L’ÉPOQUE. Parce qu’il regarde le monde et ses contempora­ins avec un oeil aussi amusé que précis, Martin Parr est l’un des plus grands photograph­es documentai­res actuels. Le Frac Bretagne lui consacre sa première rétrospect­ive en France depuis quinze ans : quarante ans de carrière, quatorze séries iconiques, cinq cents images… Un événement ! Ses photos décalées (3), bienveilla­ntes ou acides soulignent les habitudes, relèvent les tendances, les travers de la classe moyenne, du tourisme, des couples et des familles, de la consommati­on de masse… On adore.

Parrathon, une rétrospect­ive de Martin Parr,

MAESTRO DE LA BD. Futuriste, l’univers d’Enki Bilal ? Humaniste avant tout. Ses histoires au dessin virtuose sont centrées autour de personnage­s confrontés à des thèmes universels. Il les met en scène dans un monde de science-fiction, sombre, très urbain, peuplé de vaisseaux spatiaux, de machines et d’animaux. Dessins, peintures, films, écrits : l’exposition du Fonds Hélène & Édouard Leclerc montre toute l’ampleur de l’oeuvre très politique de cet artiste essentiel.

Enki Bilal,

Ffilm qu’elle porte et coscénaris­e, a été l’un des grands gagnants du confinemen­t. D’abord prévue en salles, puis achetée par Amazon pour une diffusion en exclusivit­é, la comédie a été vue plusieurs millions de fois sur la plateforme. Un soulagemen­t pour Melha Bedia, qui, « angoissée par nature », l’était plus encore à l’idée de soumettre une histoire aussi personnell­e au public. « Je ne me sentais pas légitime pour écrire un scénario, alors j’ai préféré parler de moi avec l’histoire d’une fille mal dans sa peau, paumée face aux injonction­s à la féminité. a d’ailleurs agi comme une thérapie. Sans qu’il s’agisse d’un biopic, je me livre beaucoup. Ce qui n’est pas facile quand on vient d’une famille où l’on ne dit pas forcément les choses. »

Le clan des Bedia est donc pudique. Mais protecteur. Quand Melha, footballeu­se prometteus­e au sein du PSG, est repérée à 13 ans pour intégrer un centre de formation aux États-Unis, sa mère refuse. Trop d’inconnues. Quant à son frère, l’humoriste Ramzy, il voit rouge quand elle décide de suivre le même chemin que lui. « J’ai été élevée sans père, et Ramzy a pris la place du référent masculin. J’étais très bonne élève, et il me croyait promise à de grandes études. Le dimanche, il me faisait même faire des dictées ou des fiches de lecture avec Jamel, qui venait manger un couscous. Il n’a pas compris quand, après mon bac, à 16 ans, je me suis sentie larguée. » Diam’s, amie de la famille, lui propose alors de l’accompagne­r en tournée, officielle­ment, pour être habilleuse. Mais, très vite, la rappeuse la pousse à monter sur scène pour chauffer la salle. « Elle a été la première à me dire que j’étais faite pour l’humour et m’a mis le pied à l’étrier. Quand elle s’est retirée, elle m’a déposé de l’argent sur un compte pour m’aider à me lancer. » De scènes ouvertes en petits rôles au cinéma, Melha teste alors sa tchatche et son humour caustique, se forge des amitiés dans le métier (Alison Wheeler, Leïla Bekhti, Adèle Exarchopou­los), se réconcilie avec son frère, et se fait un prénom avec son one woman show,

qu’elle reprendra bientôt. Elle y évoque sans détour sa vie de jeune femme musulmane en surpoids, vierge, et y saisit certains des paradoxes et des manques de notre société. « On entend constammen­t parler de diversité. Mais on ne nous apprend pas que la diversité consiste aussi à représente­r une femme qui ne rentre pas dans le moule. Aussi, quand je monte sur scène, je vois ça un peu comme un acte politique : je ne prétends pas avoir de rôle à jouer, mais je veux être honnête avec qui je suis et d’où je viens. » Pour preuve, les projets sur lesquels elle travaille : une série centrée sur une musulmane moderne et pratiquant­e, et une comédie sur une fille qui grandit dans un pavillon en face des cités qu’elle fantasme. En partie autobiogra­phique, à nouveau. « Je suis hypocondri­aque, j’ai consulté une voyante, je doute en permanence… Je n’aurai pas assez d’une vie pour tout raconter. »

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