MAG/Décryptage : Meghan-Harry, saison 3.
L’AFFAIRE MEGHAN-HARRY ? Il y a l’écume du spectacle, des pleurs d’actrice, l’impression de voir deux bourdons douloureux se cogner à la vitre, une idylle en exil qui stimule les langues de vipère, un chambard international passant par le Canada et des villas de style George Clooney plutôt que vieux Tudor. Que peut-on y comprendre ? Si l’on refroidit la théière, si l’on veut bien mettre un peu de rationalité française dans ce Megxit, contemporain d’un moment où les Britanniques poussent l’excentricité jusqu’à devenir mabouls, on aura peut-être le scénario d’une implacable tragi-comédie qui a des raisons profondes autant qu’anciennes. Sans être grand clerc ni voyant extralucide, un esprit rompu à la kremlinologie de Buckingham aurait pu annoncer la séquence. Tel un
zoom paysager sur Google Maps, il nous faut ici partir de loin, ou de haut, pour arriver aux épisodes anecdotiers d’un conte de fées, ou d’un compte de faits, dont le dénouement était, plus encore que prévisible, inéluctable.
POUR METTRE UN PEU D’INTELLIGIBLE dans ce pastis, il faudrait proposer une lecture de la famille royale britannique qui relèverait à la foi de la généalogie et de la thermodynamique. Du côté généalogique, la transcendance monarchique n’invite pas les à s’interroger sur leurs privilèges. Ils règnent de droit divin, la source de leur s’enracinant dans les siècles anciens. Ils seraient les derniers à se considérer comme une tribu digne d’une ethnologie des structures de parenté : Claude Lévi-Strauss n’est pas leur cousin. On pourrait les comparer à un marbre dont la minéralité ignore les éraflures. Ils sont protégés autant par ce qu’ils respectent que par ce qu’ils ignorent. Un sera formé à un type de conversation où l’on prend poliment des nouvelles de votre tante ou de votre chien, mais rien qui puisse engager une opinion ou même une idée originale, la convention les privant de l’obligation superflue d’être intelligents. C’est un style, il a ses codes, ses aridités, ses récurrences. Appelons cela une tradition. De surcroît, leur intangibilité s’accompagne d’un mythe de perfection : « », autrement dit le monarque britannique est par essence au-dessus de l’erreur, servi en cela par l’indulgence de ses sujets qui par principe le créditent de toutes les vertus.