LA CHRONIQUE DE COLOMBE SCHNECK LECTRICE ET ÉCRIVAINE
Elle se prénomme Colombe, j’avais donc le devoir de la lire afin de vérifier si nous avons des qualités communes. Est-elle comme moi étourdie et maladroite ? Écritelle aussi des livres qui tournent en rond ? J’ai lu son premier roman, Comme neige, un Cluedo littéraire futé et acide, puis Vue mer, agité par d’autres éclats de gaîté. On pourrait commencer par réciter les noms des personnages, Stefan Bouké, Elsa Partneure, Maria Quaraie, Lucien Perseau, Rita Riossi, Guy Bécédère, comme un refrain entêtant chanté par une Mylène Farmer qui aurait trop fumé. Stefan Bouké et Elsa Parneure ont terminé ensemble une école de commerce où ils ont trop chanté Les Lacs du Connemara, ensuite ils ont créé une entreprise dont l’objet est mystérieux. Un truc contemporain qui a un rapport avec la communication, le conseil et le Web.
Un jour, Stefan reste coincé les mains sur le volant de sa belle voiture et ne va pas au bureau. Elsa et Maria, Lucien, Rita et les autres employés-collègues l’attendent vaguement, ils travaillent. Colombe Boncenne ne montre aucune maladresse dans sa description d’une journée au bureau. Elle connaît parfaitement le vocabulaire de son monde, les reportings et les n + 1, la standardisation des relations sociales, le ton des conversations à la machine à café. Sa maîtrise impeccable de la situation laisse passer une écriture qui s’amuse, joue avec ses règles pour en inventer d’autres. « Éperviers, étourneaux, tournedos, je ne connais pas le nom des oiseaux », tel est le poème d’ascenseur d’Elsa Parteneure. Colombe Boncenne pourrait frapper à la porte de Georges Perec pour lui dire « Coucou, c’est moi, je suis de ta famille ». La conclusion de mon enquête sur les Colombe autrices est qu’il en existe plusieurs genres. La preuve, celle-ci est tout aussi percutante et adroite que malicieuse.