Madame Figaro

COMMENT APAISER L’ANGOISSE DES AÎNÉS ?

AVEC CE S ECOND CONFINEMEN­T, LA PSYCHOLOGU­E MARIE DE HENNEZEL * INSISTE SUR LE LIEN PRIMORDIAL À MAINTENIR AVEC NOS PARENTS.

- * Auteure de « L’Adieu interdit », Éditions Plon, 16 €.

Nos aînés se retrouvent à nouveau dans l’angoisse de ce second confinemen­t. Comment les apaiser ?

Tous sont angoissés. Beaucoup ont mal vécu le premier confinemen­t et redoutaien­t un second. Il faut distinguer ceux qui sont autonomes et ceux qui sont en Ehpad. Les premiers ont l’impression que ça va les précipiter dans la perte d’autonomie. Toutes ces personnes qui sont chez elles ont peur de sortir. À cet âge-là, si on ne fait pas trente minutes d’activité par jour, on se démuscle. Donc c’est très grave. Il faut inciter les personnes âgées autonomes à sortir pour avoir une activité physique. Il faut les stimuler et ne pas créer la peur chez elles. Il est important de valoriser ce qu’elles peuvent faire, comme se cultiver avec des émissions de télévision, la radio, etc.

Quels rituels peut-on développer ?

La méditation est un très bon exercice. Je leur conseille aussi d’écrire ce qu’elles ressentent ou même des haïkus, ces petits poèmes japonais qui permettent de se centrer sur ce qui est beau.

Comment maintenir le lien ?

Les visites sont autorisées désormais dans les Ehpad, et on peut aussi voir nos personnes âgées qui sont chez elles. Dans les attestatio­ns dérogatoir­es, il y a « déplacemen­ts pour motif familial impérieux, pour l’assistance aux personnes vulnérable­s ». Donc, il faut aller les voir quand elles sont déprimées. Il faut leur téléphoner et les aider avec les outils pédagogiqu­es pour garder le contact. Elles peuvent aussi sortir, faire des courses et ainsi voir un peu de monde. Qu’est-ce que représente ce temps confiné quand on a 80 ans ?

Le rapport au temps est très difficile. Ce sont des personnes qui pensent à la mort, pas de façon morbide mais parce qu’elles s’en approchent. Elles savent qu’il ne leur reste que peu de temps à vivre. Le lien avec les autres est essentiel. Si elles peuvent supporter une période de quatre semaines, il ne faut pas aller au-delà, sinon cela va engendrer un syndrome de glissement, et les personnes risquent de se laisser mourir, de se suicider.

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