LA CHRONIQUE DE COLOMBE SCHNECK LECTRICE ET ÉCRIVAINE
Cela commence par un grand mariage dans un palace de Mumbai : Sophie, son mari, ses enfants et son amie Alice se sont acheté des costumes avec des fils d’or, des sequins, ils semblent déguisés en touristes émerveillés : « La fête est un combo de ringardise et de féerie », raconte Sophie. La mère du marié se nomme Rita, elle les accueille avec amour. Un invité lui demande : « Vous connaissez la mère du marié ? » C’était il y a longtemps. Elle était adolescente. Sophie, son frère, ses parents sont en vacances en Inde, au bord d’une belle plage. L’hôtel est moche et clinquant. Cela commence par des cris, une jeune femme se noie, les touristes regardent au loin.
Le père et le frère de Sophie plongent vers la jeune femme, la sauvent, et le père meurt noyé.
Que s’est-il passé sur cette plage ? Qui était cette jeune Indienne ? Qu’est-elle devenue ? Pourquoi n’a-t-elle jamais cherché à les contacter ? Après combien d’années de silences et de souffrances, on est prêts à savoir ? Dix, vingt, trente ans après, Sophie voyage seule vers cet hôtel pour nouveaux riches, vers cette plage et ses dangereux courants. Un Indien commente le voyage de Sophie : « She wants to be friend
with her past. » « Elle veut être amie avec son passé. » Et Sophie rencontrera Rita, la jeune femme sauvée par son père. Alice, son amie, est dessinatrice.
De son trait lumineux qui va à l’essentiel, elle illustre le voyage dans le passé de Sophie, ses vacances enfant avec ses parents et son frère, les mains de sa mère, le regard de son père, la solitude de son frère, son retour aujourd’hui, ses enfants, son mari aux yeux de khôl, l’amour de Rita et ses belles mains qui ressemblent à celles de sa mère et qui touchent les siennes, être l’ami de son passé.
Rita sauvée des eaux est un grand et beau voyage.