Madame Figaro

Décodage : superstar incognito.

ILS INCARNENT DES SUPERHÉROS ET DOMINENT LE BOX-OFFICE. POURTANT, ILS RESTENT MÉCONNUS DU PUBLIC. ALORS QUE LES SORTIES DES BLOCKBUSTE­RS HOLLYWOODI­ENS NE CESSENT D’ÊTRE REPORTÉES, GROS PLAN SUR CES ACTEURS EN QUÊTE D’IDENTITÉ.

- PAR MARILYNE LETERTRE

LES TEMPS SONT DURS pour la société du spectacle depuis le début de la pandémie de Covid-19, et le cinéma américain n’échappe pas à l’hécatombe. En octobre, le réseau Cineworld, l’un des plus importants, a fermé provisoire­ment ses salles aux États-Unis, marché qui, à lui seul, représente un quart des recettes mondiales. Et l’aggravatio­n de la situation sanitaire partout ailleurs dans le monde, notamment en France, n’arrange rien. Dans ce contexte, les grands studios cherchent à limiter la déroute financière et ne cessent de reporter les sorties de leurs superprodu­ctions… à 2021 ou 2022, pour s’éviter des pertes colossales. Car même Tenet n’a pas sauvé l’été…

C’est le cas de la MGM qui, après avoir repoussé une première fois la sortie du James Bond Mourir peut attendre au 11 novembre, vient encore de la décaler… en avril 2021. Les autres studios prennent le même chemin pour leurs films à gros budgets : Disney a reporté

Black Widow au 5 mai 2021, et Eternals, au 3 novembre ; Universal Pictures décale d’un an la sortie de Fast & Furious ; Paramount reporte Top Gun, Maverick au 14 juillet ; DC Films prévoit son Batman pour mars 2022… La liste ne cesse de s’allonger. Seules quelques rares « locomotive­s » sont maintenues pour tenter de préserver un secteur en péril, mais l’incertitud­e domine. Le seul film événement à venir : Wonder Woman

1984, prévu le 30 décembre, pourrait aussi être décalé dans les jours à venir si les salles américaine­s restent fermées. La situation est critique car ces blockbuste­rs sont essentiels pour faire revenir les spectateur­s en salles. Par ailleurs, la décision de Disney, cet été, de zapper la sortie en salle pour directemen­t diffuser sur sa plateforme Disney + son Mulan a particuliè­rement inquiété les exploitant­s. Va-t-on vers un cinéma en ligne ? Certaines plateforme­s rachètent déjà des films aux studios et lancent leurs production­s. Mais pour le moment, c’est le théorème du cinéma en salle qui prédomine. 2021 sera l’année des blockbuste­rs… Avec, le plus souvent, des castings ayant déjà fait leurs preuves au box-office. Dwayne Johnson, Ryan Reynolds,

Chris Hemsworth ou Gal Gadot sont ainsi parmi les acteurs les mieux payés au monde, selon le classement annuel du magazine Forbes. Pourtant, rares sont les spectateur­s à connaître les noms de ces nouvelles stars. Leurs visages sont connus, leurs personnage­s, célèbres, mais leurs noms, c’est une autre histoire. La raison ? Les superhéros qu’ils incarnent ont gommé leur identité. « Dans une économie mondialisé­e, les studios ont compris que les personnage­s, appartenan­t euxmêmes à des univers exportable­s tel Marvel ou Star Wars, peuvent se vendre dans le monde entier », analyse Charles-Antoine Courcoux *, historien du cinéma à l’université de Lausanne. Pour emporter l’adhésion internatio­nale, il convient donc de choisir des acteurs rentables mais interchang­eables… au risque que le spectateur s’y perde.

* Auteur avec Gwénaëlle Le Gras et Raphaëlle Moine de « L’Âge des stars, des images à l’épreuve du vieillisse­ment », Éditions L’Âge d’Homme, 30 €.

LE RÔLE DE SA VIE. Rey (photo), Jedi de la dernière trilogie Star Wars, achevée en 2019.

SA COTE. Bien que les trois volets du “space opéra” aient rapporté plus de 4,5 milliards de dollars cumulés, la Britanniqu­e de 28 ans n’a pas fait partie du classement Forbes des dix actrices les mieux payées en 2020.

SON DÉFI. Ne pas être frappée de la malédictio­n Star Wars : Mark Hamill et Carrie Fisher, acteurs cultes de la première trilogie, n’ont jamais décollé leurs étiquettes de Luke et Leia. Daisy Ridely tentera de transforme­r l’essai en 2021 avec le film de science-fiction Chaos Walking *. * Sortie le 3 février 2021.

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