COMMENT CHASSER L’USURE POUR RETROUVER L’ENVIE ?
RÉPONSES AVEC LE PSYCHIATRE PSYCHOTHÉRAPEUTE FRANÇOIS BOURGOGNON, PRATICIEN À L’INSTITUT DE CANCÉROLOGIE DE LORRAINE ET DIRECTEUR DE L’INSTITUT MINDFUL FRANCE.
Après six semaines de confinement, on se prépare à un Noël en demi-teinte. Peut-on encore trouver en nous l’envie de célébrer, de se réunir ?
Oui, si on parvient à mettre son énergie au service de ce qui compte pour nous. Je parle ici de nos valeurs, des directions que l’on veut suivre, et non d’objectifs à atteindre. Si ce qui compte pour nous est d’être aimant et attentif envers nos proches, mais aussi de les protéger, de la contamination en l’occurrence, il y a mille façons de servir ces valeurs, à condition d’être flexible. Et c’est comme ça que l’on retrouvera l’envie : nourrir ce qu’il nous semble beau, bon et juste de servir procure un sentiment d’accomplissement. On est alors emporté par un élan positif et nos envies reviennent. C’est un cercle vertueux, un mouvement naturel. Et cela s’applique à tous les champs de notre vie : c’est en avançant, même pas à pas, que nous renouons avec l’envie, pas en nous épuisant à essayer d’atteindre l’inatteignable.
Il nous faut donc d’abord accepter la situation ?
C’est une première étape indispensable : regarder la réalité bien en face et embrasser l’inconfort, la frustration, voire la tristesse, la colère ou l’angoisse qu’elle suscite en nous. Sortons de l’idée que nous devrions nous sentir bien à tout prix. Le contexte est compliqué et le refuser ne le fera pas disparaître. Au lieu de lutter, il est essentiel d’accepter. L’acceptation, ce n’est ni approuver ni se résigner. C’est au contraire une stratégie active qui consiste à faire avec ce qui ne peut être évité ou changé, ou reconnaître que, pour le moment, les choses ne sont pas comme on voudrait qu’elles soient.
Mais cela peut être difficile, tant on a puisé dans nos ressources depuis près de dix mois…
Bien sûr, il y a une forme d’usure, de lassitude, parfois d’épuisement. D’où l’importance de prendre soin de soi. C’est absolument nécessaire si nous voulons continuer de tenir debout.