Madame Figaro

Madame Figaro.

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– Cet album vous est arrivé comme une vague, s’est dérobé, puis est revenu avec force et émotion. Racontez…

Étienne Daho. – L’enregistre­ment a débuté en 2004 et s’est poursuivi jusqu’en 2006. J’ai choisi des chansons mélancoliq­ues et douces, issues d’univers différents – de Morrissey à The Ronettes… Mais ce projet n’intéressai­t pas mon label et il est resté dans un placard pendant quinze ans. Durant « le confinemen­t saison 1 », j’ai retrouvé un disque dur , c’était Surf…

Une pochette en noir et blanc, des cheveux longs, une chanson en français et des reprises au sourire triste.

C’était une phase particuliè­rement romantique de votre vie ?

Oui. Je vivais une séparation très difficile et le titre en français,

Son silence en dit long, résume le mood de l’album. La photo de la pochette de Surf a été prise dans ma maison d’Ibiza et j’aime son côté estival qui fait partie de ce projet solaire, même si c’est un soleil crépuscula­ire. À l’époque, mes fans ont été horrifiés de me voir avec les cheveux longs. Moi, j’étais amoureux de quelqu’un qui trouvait ça très bien. Surf est la photo d’une histoire d’amour à rebondisse­ments. C’est drôle car le disque sort au moment où je la clôture.

En écoutant cet album, on plonge dans une atmosphère intimiste. Où l’avez-vous enregistré ?

Dans ma maison de Montmartre où tout est en bois. J’ai découvert le charme de cette acoustique chaleureus­e en faisant Surf. J’avais peu de moyens, d’instrument­s, ce qui a laissé de l’espace à la voix et à l’interpréta­tion. Les effets de reverb utilisés sont des années 1960, d’où ce son confortabl­e, un peu mystérieux, cette impression de B. O. de film.

Lou Reed a dit de vous : « La texture de sa voix est l’une des plus pure et chaudes. Elle a la couleur d’un coucher du soleil et du champagne. » Aimez-vous votre voix ?

J’étais aux anges en apprenant cela ! Car ma voix a toujours été très controvers­ée. Certains l’apprécient mais pour d’autres je suis un « non chanteur ». Parfois, il y a une drôle de façon de penser en France : quand tu ne t’époumones pas, tu n’es pas vraiment un chanteur.

Il y a aussi ce duo avec Alain Bashung, I

Can’t Escape From You. Quel souvenir gardezvous de cet instant partagé ?

Lors d’une émission télé, Daho Show, j’avais demandé à des musiciens de me rejoindre sur scène, et un soir c’était Alain Bashung. Ce duo a été un moment de grâce, alors que nous étions nerveux avant de chanter. Et puis, Alain m’a dit : « On y va, on la tente », et c’était parti.

Vous avez composé les musiques de Oh! Pardon tu dormais..., le prochain album de Jane Birkin. Comment est née cette collaborat­ion ?

J’étais allé voir Jane au théâtre jouer dans cette pièce qu’elle avait écrite et dont s’inspire cet album. C’était il y a vingt ans. Son texte avait une résonance : elle harcèle un homme en lui demandant « Est-ce que tu m’aimes ? » jusqu’à l’insupporta­ble. À l’époque, on voulait aussi m’extorquer un « je t’aime ». J’ai proposé à Jane qu’on en fasse une oeuvre musicale. Elle s’est décidée, enfin. Elle écrit dans une langue qui n’est pas la sienne et s’autorise des libertés et des tournures qui me ravissent. Jane est belle, pleine de trouvaille­s, et puis quelle authentici­té, quelle force, quel culot !

Surf, vol. 1 et 2, Parlophone.

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La pochette de Surf, le nouvel album d’Étienne Daho.

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