Madame Figaro

Le Lac des cygnes, d’Angelin Preljocaj

-

À Paris, au Théâtre national de Chaillot, le chorégraph­e présente sa version du Lac des cygnes, un ballet mythique et universel.

Madame Figaro. – Pourquoi Le Lac des cygnes est-il devenu un ballet culte et si populaire ?

Angelin Preljocaj. – Il y a la musique de Tchaïkovsk­i avec son thème très puissant qui circule dans tout le ballet : il entre dans les conscience­s, on le retrouve dans les pubs, les films. Il y a aussi la thématique du cygne, un animal sensuel, ambigu, et le lac qui nous entraîne dans les zones les plus mystérieus­es et profondes de nos pensées. C’est un ballet aux images très fortes, graphiques, inoubliabl­es.

Comment on s’attaque à une telle oeuvre ?

Je voulais garder son mystère, la constructi­on magnifique de l’acte II et aussi parler d’aujourd’hui, des questions liées à l’eau, au réchauffem­ent climatique, aux lacs qui disparaiss­ent comme certains animaux.

Je suis aussi reparti du conte allemand initial, où le prince a une relation très forte avec sa mère et s’oppose, c’est très freudien, à un père, un homme d’affaires tout puissant. C’est un reflet du réel, mais je ne dis pas que je suis contre le monde de la finance, de l’industrie, je crois que simplement il faut qu’il y ait plus d’éthique dans toute chose.

Avec la pandémie, comment se sont passées les répétition­s ?

On a retrouvé un plaisir fou, la danse c’est vraiment mon oxygène. Les danseurs étaient affamés et j’ai pu leur demander des choses incroyable­s, d’une terrible complexité. Une folle énergie circulait, on était heureux de retrouver l’espace, le mouvement, la liberté… Et la virtuosité apporte la liberté.

Quelles qualités demandez-vous à vous danseurs et danseuses ?

Je cherche toujours des artistes qui dansent très, très, très bien, à l’aise avec plusieurs techniques, mais aussi qui ont une forte personnali­té et qui sachent s’intégrer au groupe. La danse, c’est presque une religion au sens premier du terme : « religio » en latin signifie « relier les gens ». La danse de groupe ça rassemble, sacralise des moments scéniques. La scène est un lieu sacré.

Vous aimez travailler avec des peintres, des musiciens, des plasticien­s, des stylistes comme Jean Paul Gaultier pour Blanche-Neige. Là, c’est le russe Igor Chapurin qui signe les costumes…

Cela permet de croiser les arts, de faire des rencontres, des échanges, de ne pas s’enfermer. La scène devient alors un comptoir d’échanges de valeurs, de créations.

Le Lac des cygnes, jusqu’au 23 janvier au Théâtre national de Chaillot, à Paris, puis en tournée. theatre-chaillot.fr

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France