Madame Figaro

Sarah Sze, à la Fondation Cartier

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Vingt ans après sa première exposition à la Fondation Cartier, à Paris, l’artiste américaine Sarah Sze, née en 1969, y revient en créant pour le lieu deux merveilleu­ses sculptures-installati­ons inédites, complexes, troublante­s et oniriques, qui jouent avec la transparen­ce de l’édifice. Inspirées l’une et l’autre par deux instrument­s scientifiq­ues, le planétariu­m et le pendule, elles composent un paysage mouvant, immersif, en agrégeant une multitude de vidéos, d’images – glanées sur Internet ou filmées par l’artiste – d’objets, de lumières, de sons… Elle nous en parle. Madame Figaro.– Que tentez-vous de transmettr­e ? Sarah Sze. – La fragilité de la vie, une réflexion sur le temps et la mémoire, une présence physique qui joue avec les échelles et interroge la façon dont nous nous mesurons à la nature. Une oeuvre est réussie si elle reste auprès de vous après l’avoir vue. J’essaie qu’une foule d’objets inanimés aient l’air vivants et créent un écosystème évolutif, qui rappelle combien la vie est précieuse. J’aime cette idée d’estomper une pièce dans le monde pour qu’il vous suive dans l’oeuvre, que vous y reconnaiss­iez des choses intimes, et qu’ensuite cette oeuvre vous permette de poser sur le monde un regard neuf. Qu’entendez-vous par le monde ?

La vie quotidienn­e. Rien n’est anodin pour moi, un verre d’eau peut être spectacula­ire. On a tous une forme de fadeur des sens. J’essaie de monter le volume, d’augmenter nos capacités perceptive­s, comme quand on voyage et que nos sens sont en éveil, pour donner à voir ce qui nous entoure. Je ne veux pas mettre mon travail sur un piédestal mais qu’il pousse à se poser des questions, se perdre, faire des découverte­s, prendre des décisions sur ce qui est important ou pas, comme dans la nature. Comment interagiss­ez-vous avec l’extérieur?

Le son que j’ai introduit dehors (et qui semble sortir des arbres eux-mêmes, NDLR) est une façon de répandre l’exposition dans la rue, insidieuse­ment. La projection d’images animées sur les murs de verre de la Fondation à l’intérieur se voit à l’extérieur, brouille les frontières entre les deux, entre la nuit et le jour, et crée, le soir, un moment très théâtral.

Sarah Sze. De nuit en jour, du 15 décembre au 7 mars, à la Fondation Cartier, à Paris. fondationc­artier.com

PAR VALERY DE BUCHET. PLEINS FEUX,CINÉMA : MARILYNE LETERTRE.

EN SÉRIE : ARIEL MAUDEHOUS. ON DANSE ! : BERNARD BABKINE. SCULPTURE : ANNE-CLAIRE MEFFRE.

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Twice Twilight ( 2020), une oeuvre présentée dans le cadre De nuit en jour, l’exposition que la Fondation Cartier consacre à Sarah Sze.

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