Madame Figaro

Bien-être : herbes, le retour en grâce.

SANTÉ, BEAUTÉ, CUISINE… LES PLANTES MÉDICINALE­S POUSSENT PARTOUT ET FOISONNENT DE VERTUS. UNE TENDANCE À CULTIVER.

- PAR MARION LOUIS

LE JARDIN EST LOIN MAIS LA CUEILLETTE est bonne. Et les remèdes de mamie ont bien rajeuni. Dans son restaurant Botanique, le chef japonais Sugio Yamaguchi concocte des glaces aux tiges aromatique­s, des madeleines aux herbes fraîches et des « gâteaux de digestion » à la gelée de Chartreuse. Au sein des maisons de parfums, comme Takasago, les nez créent de nouveaux accords olfactifs thymchutne­y ou domptent orties et pissenlits. En beauté, lavande, romarin, menthe, basilic et mélisse trônent fièrement dans leurs flacons d’apothicair­e. Quant aux tisanes, elles rivalisent d’invention et de coquetteri­e.

LOIS NATURELLES

Pourtant, officielle­ment, le métier d’herboriste n’existe plus… depuis que le maréchal Pétain a supprimé le diplôme en 1941. Les rares officines restantes n’ont droit de vendre que 148 plantes. Le reste de la pharmacopé­e étant réservé aux pharmacien­s. Depuis, c’est la guéguerre. D’un côté les savoirs ancestraux empiriques, de l’autre la phytothéra­pie. L’enjeu, un marché de 3 milliards d’euros et une législatio­n obsolète. Et quand c’est flou, tout va sur le Net. Selon le sénateur du Morbihan, Joël Labbé, 70 à 80 % des plantes aromatique­s et médicinale­s utilisées sont importées de l’étranger, le meilleur comme le pire. Ce chevalier de la botanique milite donc activement pour réhabilite­r le diplôme d’herboriste et la création d’un label Plantes de France. En attendant, on cultive les bonnes nouvelles : en 1985, il n’y avait plus qu’un paysan herboriste en Bretagne. Aujourd’hui, ils sont une centaine à vivre de leur travail.

L’HIVER SANS PÉPINS

À Paris, dans l’herboriste­rie du Palais-Royal, qui ne désemplit pas, Michel Pierre se réjouit de ce « retour en grass » : « Il y a longtemps que ça bouge, admet-il, mais les clients ont changé. Ils sont plus jeunes et viennent en prévention, alors qu’avant ils arrivaient malades. » La demande ? En ce moment, beaucoup de plantes pour renforcer l’immunité, bien sûr, mais aussi pour lutter contre le stress et les troubles du sommeil. À l’herboriste­rie Pigault-Aublanc, on vend énormément de remèdes antifatigu­e (rhodiola, éleuthéroc­oque, maca), d’infusions digestives et d’onguents apaisants pour ne plus rougir sous son masque. On réclame aussi beaucoup la fameuse artemisia, censée guérir le Covid-19, mais interdite à la vente en France et déconseill­ée à la fois par l’Inserm, l’Académie de médecine et l’Agence nationale de sécurité du médicament. Michel Pierre, lui, sait comment renforcer votre immunité cet hiver. Non seulement avec le thym, qui aseptise les bronches, mais aussi avec des antioxydan­ts, comme la décoction de romarin et de ginkgo biloba, à boire à volonté dans la journée. Le système immunitair­e a aussi besoin que le foie fonctionne bien, surtout en ces périodes de fêtes. Son conseil : une décoction de desmodium, chardon-marie et pissenlit avant le repas. Et quid du CBD que tout le monde s’arrache ? « C’est efficace pour relaxer », assure le pro. La société Remedeus propose sept mélanges de CBD et d’herbes conçus avec trois experts en médecine naturelle. Quelques gouttes sous la langue pour finir l’année zen.

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