Madame Figaro

Toutes les tendances décryptées.

- PAR MARYLINE LETERTRE

Déjà célébrée pour son timbre d’or, la chanteuse soul, Andra Day, a décroché une nomination aux Golden Globes pour sa première apparition au cinéma. Dans Billie Holiday, une affaire d’État, elle incarne (ci-dessus) la légende du jazz, son idole de toujours, dont le surnom, Lady Day, inspira son propre nom de scène. Alors qu’enflent les rumeurs d’Oscar, il est temps de faire les présentati­ons.

UNE MUSICIENNE ADULÉE. Son histoire ressemble à un conte de fées... En 2010, Andra Day, née Cassandra Batie, chante dans un centre commercial. La femme de Stevie Wonder passe par là et fait part de sa découverte à son mari. Dès lors, tout s’enchaîne : la rencontre avec un producteur, les premières parties de Lenny Kravitz, une pub Apple avec le chanteur de Superstiti­on et, surtout, un premier album, Cheers to the Fall (sorti en 2015), qui lui vaut deux nomination­s aux Grammy Awards. Spike Lee et M. Night Shyamalan lui réalisent des clips et les mélomanes s’enflamment, comparant la diva de San Diego à Adele, Amy Winehouse et Billie Holiday.

UNE ACTRICE NÉE. Quand Lee Daniels décide de réaliser Billie Holliday, une affaire d’État – dévoilé sur hulu.com le 26 février et espéré dans nos salles au printemps –, il n’envisage pas Andra Day pour le rôle. Elle ne se sent d’ailleurs pas d’attaque pour succéder à Diana Ross qui, en 1972, incarnait déjà la légende du jazz au cinéma. Mais, dès la première rencontre, c’est le coup de foudre artistique entre le réalisateu­r (Precious, Le Majordome) et la musicienne de 36 ans, sensible à l’approche du cinéaste : « Peu de gens le comprennen­t, mais les histoires noires ont été intentionn­ellement supprimées et manipulées. Il est désormais essentiel que des artistes noirs se les réappropri­ent. » Pour incarner le mythe, cette figure rebelle et écorchée, Andra Day perd 18 kg, se met à fumer et transforme sa voix. Toute de Prada vêtue, elle plonge dans les années 1940, et raconte la vie et le combat de cette militante des droits civiques, harcelée par le FBI, qui tentait de la faire taire en jouant sur son addiction à la drogue et en infiltrant dans son entourage un officier qui devint son amant (photo ci-dessus).

UNE ACTIVISTE RESPECTÉE. En 1939, Billie Holiday condamne le lynchage des Noirs dans l’Amérique ségrégatio­nniste à travers sa chanson Strange Fruit qui, comme le raconte le film, déclenche la fureur de l’État. À l’instar de son modèle, Andra Day s’est elle aussi engagée avec son titre Rise Up, hymne à la dignité et à la résilience, dans un pays plus que jamais fracturé, après quatre ans de gouvernanc­e Trump. Déjà invitée par Michelle Obama à chanter son morceau à la Maison-Blanche en 2015, elle le reprend pour l’investitur­e de Joe Biden en janvier dernier. Tout un symbole de réconcilia­tion et d’espoir, porté par une artiste dont la voix n’a pas fini de résonner.

 ??  ??
 ??  ?? Andra Day et Tyles James Williams.
Andra Day et Tyles James Williams.

Newspapers in French

Newspapers from France