Madame Figaro

Toutes en sabots ! 80/Le motif bandana.

- PAR CLÉMENCE POUGET / PHOTOS VINCENT THOMAS / RÉALISATIO­N ALEXANDRA TESSON

Octobre 2020 : les silhouette­s sensuelles s’enchaînent sur le podium Hermès du printemps-été 2021. Si les trenchs en cuir et les bodys échancrés signent un vestiaire urbain des plus sophistiqu­é, les filles, toutes chaussées des mêmes sabots noirs ou marron, revendique­nt à l’inverse une allure connectée à la nature. La déclaratio­n mode de la saison ? Oui. D’Hermès à Stella McCartney en passant par Louis Vuitton ou Pierre Hardy, le sabot originel - reconnaiss­able à son ouverture sur le talon et à ses clous qui habillent sa semelle en bois - fait sensation. Le clog, comme disent les Anglais, dont la lourdeur n’a pas toujours été plébiscité­e, cacherait-il une « fashion botte secrète » ?

Petit retour en arrière. À l’origine, vers la fin du XVe siècle, il servait de chaussure de sécurité pour protéger les pieds des ouvriers, des mineurs et des agriculteu­rs. Creusé dans un morceau de bouleau ou de hêtre pour les revenus modestes, en noyer pour les plus fortunés, le sabot devient en un temps record la chaussure utilitaire des zones rurales, notamment en France. « À l’époque, c’était une invention révolution­naire, avance Catherine Örmen, historienn­e de la mode. Son bout légèrement relevé permettait aux doigts de pieds de prendre un bon appui et donc d’enclencher une démarche dynamique. »

Ses premières lettres mode ? Il les doit aux années 1920.

En mai 1926, la griffe new-yorkaise L.C. Studios dévoile une collection de costumes de bain accompagné­s de sabots de sable, « l’une des innovation­s les plus intéressan­tes de la saison », analyse le Women’s Wear Daily. En 1963, il s’affirme aussi aux pieds des élégantes : d’abord avec le chausseur Herbert Levine, dont la première ligne est un triomphe, puis avec Ulla Olsenius, seule importatri­ce en Amérique des sabots suédois Olof Daughters. La décennie flower power le consacrera définitive­ment it-shoes de l’époque.

Confinemen­t après confinemen­t, il a repointé son bout relevé, devenant même l’une des stars des réseaux sociaux. Une sorte d’ami cosy que les filles dans le vent enfilent avec une paire de chaussette­s en grosse maille. « Le sabot est une armure contempora­ine, confirme Catherine Örmen. Robuste, durable, indémodabl­e, confortabl­e, il est l’essence même de ce dont les gens ont envie en ce moment, c’est-à-dire une incursion de la campagne dans la ville. Son come-back n’est nullement une énième réminiscen­ce historique ni une citation «bobo cool» des seventies, mais bel et bien une affaire de contexte. Et contrairem­ent aux apparences, il n’alourdit pas la silhouette. Car avec ces modèles imposants, la jambe paraît tout simplement plus fine. » Un effet d’optique des plus chic, en somme.

 ??  ?? 1. Sabots à bride, en cuir et bois, 295 €, Vanessa Bruno. 2. Sabot Rider, en agneau, 525 €, Pierre Hardy.
3. Sabot Delhia, en cuir, tannage végétal et bois, Mellow Yellow × Christophe Sauvat, 120 €.
1. Sabots à bride, en cuir et bois, 295 €, Vanessa Bruno. 2. Sabot Rider, en agneau, 525 €, Pierre Hardy. 3. Sabot Delhia, en cuir, tannage végétal et bois, Mellow Yellow × Christophe Sauvat, 120 €.
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 ??  ?? 4. Sabots à bride, en cuir et bois, 255 €, Anthology Paris. 5. Sabot en cuir, tannage végétal et bois de tilleul, 185 €, Youyou. 6. Sabots en vachette et bois, 175 €, Gerard Darel. 7. Sabots en toile jacquard et cuir, 750 €, Louis Vuitton.
4. Sabots à bride, en cuir et bois, 255 €, Anthology Paris. 5. Sabot en cuir, tannage végétal et bois de tilleul, 185 €, Youyou. 6. Sabots en vachette et bois, 175 €, Gerard Darel. 7. Sabots en toile jacquard et cuir, 750 €, Louis Vuitton.
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