Madame Figaro

MISER SUR LA LOI ANTIGASPI

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DANS UNE VIDÉO partagée le 9 octobre sur TikTok et ayant atteint à ce jour plus de 4,8 millions de vues, l’influenceu­se et militante antidéchet­s Anna Sacks (@thetrashwa­lker) dévoilait ses dernières pépites mode shoppées chez Dumpster Diving Mama, un label connu pour revendre des produits trouvés dans les poubelles des magasins : des sacs à main Coach, tout neufs et pourtant tailladés de plusieurs coups de ciseau. « Faire des confettis avec les invendus est une pratique passée sous silence et pourtant très courante au sein de la fashion sphère, atteste Pascal Montfort, fondateur du cabinet de conseil Rec. Une pièce qui n’a pas trouvé acheteur au cours d’une saison est une pièce qui n’a pas suscité le désir et donc pas su capter l’air du temps. » Si la sentence est aujourd’hui médiatique, comme cela a été le cas pour Burberry ou H & M sous le feu des critiques en 2017 pour avoir brûlé des milliers de vêtements, elle sera bientôt juridique en France : à partir du 1er janvier, la loi antigaspil­lage pour une économie circulaire (AGEC) interdira d’éliminer les invendus de l’industrie de la mode et du luxe. L’occasion de redessiner les règles d’une mode plus vertueuse. Trois pistes pour éviter le gaspi :

1. PROMOUVOIR LA SECONDE MAIN

En inaugurant de nouveaux temples de la seconde main, comme le 7e Ciel du Printemps Haussmann ou l’espace (Re)store des Galeries Lafayette. « Le vêtement le moins polluant est celui qui n’a jamais été produit, analyse Pascal Montfort. Aujourd’hui, il ne s’agit plus seulement de revendique­r une fabricatio­n éthique et l’utilisatio­n de matières écorespons­ables, mais de réfléchir à un nouveau modèle économique et à de nouvelles expérience­s créatives davantage en phase avec la protection de l’environnem­ent. Et certains labels le font déjà très bien, à l’image de Gucci et de son nouvel e-shop vintage Vault, ou de Comme des Garçons, qui fait de chaque vente des collection­s passées un événement cool et branché. » De nombreux labels développen­t leur propre plateforme ou un onglet « Seconde main », comme Balzac Paris.

2. PRODUIRE MOINS

Ne fabriquer que le strict nécessaire grâce au système de la précommand­e, voilà un nouveau business model très en vogue. Les basiques indémodabl­es de Réuni et d’Asphalte, les pulls colorés de Katia Sanchez, les trenchs sophistiqu­és de Coralie Marabelle, les beaux manteaux d’Atelier Loden ou les jeans Patine, toutes ces pièces sont donc vendues avant d’être produites. Un parti pris qui favorise un achat lucide et durable.

3. CRÉER DU NEUF AVEC DU VIEUX

Upcycler les stocks dormants de rouleaux de tissus est désormais une pratique revendiqué­e dans les ateliers des maisons de luxe, de Louis Vuitton à Armani en passant

par Chloé, Marine Serre ou Maison Margiela. Même remède écologique du côté des jeunes labels : chez Vanmeyer, les chemises sont façonnées dans des draps anciens en lin ou en coton, et chez Resap Paris, les manches des sweat-shirts en molleton sont cousues de denim surcyclé. Se tourner vers des services de réparation (telles les couturière­s à domicile de chez Tilli, La Clinique du jean ou Sneakers & Chill pour les baskets) ou de location de garde-robe (1robepour1­soir.com, lecloset.fr, lescachoti­eres.com ou le programme Dream Tomorrow de Maje) est aussi une autre façon de consommer qui fait du bien. C. P.

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