LA THÉRAPIE par le cheval
LES PERSONNAGES D’HOMMES EN DÉTRESSE
se cachent le plus souvent dans une surenchère viriliste. On dirait que c’est le cas ici : Alexandre, qui a perdu sa femme enceinte, désespéré, se remet à monter en selle dans une écurie où l’on entraîne des chevaux de course. Mais non, car il ne s’agit pas ici de défi, d’ambition, de courses à gagner. Là, les chevaux sont révélés dans toute leur fragilité, et c’est leur douceur qui accompagne l’homme blessé. Leur beauté énigmatique, leur hypersensibilité aux humeurs de ceux qui les entourent. Dans ce roman qui lutte à chaque page contre la tristesse pour faire jaillir la joie, les animaux et les humains communiquent entre eux, ainsi que les vivants et les morts. Alexandre ne parvient pas à laisser partir Ava, son grand amour, et la voit tout le temps à ses côtés. La mère d’Alexandre, qui ne se pardonne pas de ne pas avoir quitté ce mari – maintenant décédé – qui frappait et humiliait son fils, possède un don et parle aux défunts. Rien de fantastique ici, un réalisme au contraire qui n’en démord pas, mais convaincu des puissances de l’esprit humain et de sa capacité à (se) raconter des histoires qui finissent par tisser une vérité. Déboussolé, Alexandre entend ce père honni qui le harcèle de ses reproches depuis l’au-delà, l’accusant d’être coupable par négligence de la mort d’Ava. C’est à cette culpabilité qui entoure presque toujours la mort d’un proche que ce roman déclare la guerre. Cette histoire d’un deuil qui paraît impossible réaffirme par ailleurs la nécessité d’un lien avec la nature et les animaux, ces pur-sang qui traversent la nuit d’Alexandre comme des messagers miraculeux. ●