Madame Figaro

Moins tendre

SENS INTERDIT DEPUIS LA PANDÉMIE, LE TOUCHER EST SOCIALEMEN­T INCORRECT. DANS CETTE ÉPOQUE EN MANQUE DE DOUCEUR, CHACUN CHERCHE À RASSASIER CE BESOIN VITAL DE CHALEUR HUMAINE. UN CÂLIN SINON RIEN.

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« MOI, J’AI BESOIN D’AMOUR / DES BISOUS, DES CÂLINS / J’en veux tous les jours » chantait Lorie en 2002. « Que du love, love » lui répond, en écho, Angèle en 2023. Accueillir quelqu’un que l’on aime bien en se lovant dans ses bras, faire un câlin à ses enfants, toucher avec affection l’avant-bras ou l’épaule d’un ami, quoi de plus réconforta­nt et de plus délicieux au monde ? Pourtant, depuis la crise du Covid, c’est comme si nous étions durablemen­t privés de contacts physiques. L’irruption du virus dans nos vies a transformé nos interactio­ns sociales. Finie la bise à deux, trois ou quatre reprises : désormais, on se check, on se hug, on se air kiss (en évitant de se toucher).

On se garde d’embrasser les anciens, et les étreintes entre amis semblent aussi incongrues qu’une remarque mal venue ou un geste déplacé. Serions-nous devenus câlins-incompatib­les ?

RÉPRIMER nos élans vers l’autre

« Avec le Covid, le toucher a été diabolisé, assimilé à la mort, avance Céline Rivière, psychologu­e, auteure de La Câlinothér­apie (Éd. Michalon). La peur est venue s’immiscer dans chacun de nos gestes spontanés. Il nous a fallu réprimer nos élans vers l’autre. Les loupés (s’avancer pour faire la bise ou tendre la main) nous ont plongés dans l’angoisse, la culpabilit­é, et placés face à un sentiment de rejet. Prendre de nouvelles habitudes plus hygiénique­s n’a pas été sans conséquenc­es sur le plan physique comme psychologi­que. » Une recrudesce­nce de dépression­s, d’attaques de panique ou de remises en question fondamenta­les, tel est le lourd tribut, selon la thérapeute, qu’a imposé la crise sanitaire à nos cerveaux privés de chatteries. Les chiffres affolants concernant notamment la santé mentale des jeunes (plus d’un

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