Madame Figaro

DANS LA TÊTE de● OLIVIA RUIZ

- B. B.

AVEC

LA COMMODE AUX TIROIRS DE COULEURS, son premier roman, Olivia Ruiz nous avait émus et touchés. La musique, les chansons sont toujours dans sa vie, mais elle reprend l’écriture avec Écoute la pluie tomber. Il en surgit des femmes fortes, aimables, aimées, cabossées… C’est le temps de l’exil, des prisons franquiste­s, des camps de réfugiés et un fabuleux goût pour la liberté. Elle nous en parlera à Lire à Gordes*, dans ce beau village perché du Luberon qui organise son premier salon littéraire avec vingt-huit auteur(e)s comme Lola Lafon, Delphine Horvilleur, Raphaël Haroche…

MADAME FIGARO. – QUE VOUS A APPORTÉ L’ÉCRITURE ?

OLIVIA RUIZ.

– De la peur, au début. J’avais un peu le syndrome de l’imposteur, oser toucher un autre domaine que le mien, mais je voulais rendre un hommage à ma famille. Le succès m’a rassurée, il m’a rendue plus sereine.

VOUS N’AVEZ PAS ABANDONNÉ LA CHANSON ?

Non, je viens d’enregistre­r un album, on est en train de le peaufiner. Le fil rouge, c’est l’être humain, la beauté de la transmissi­on, des identités multiples, le foisonneme­nt des possibles. J’ai aussi créé musiques et chansons avec David Hadjadj, mon copain complice, pour un dessin animé sur Arte adapté de la BD Le Grand Voyage de Gouti. L’histoire d’un petit rongeur qui doit quitter son île, après une tempête, pour trouver à manger. C’est un voyage initiatiqu­e. L’aventure était nouvelle, car on a écrit les musiques avant la conception des dessins.

VOUS AIMEZ RENCONTRER LE PUBLIC ?

Écrire est un travail de solitaire, allez vers le public, c’est très enrichissa­nt, on peut dialoguer, et en plus je vais rencontrer Boris Cyrulnik. C’est une émotion très forte, car tous ses livres m’ont permis de me construire comme femme, comme mère, et finalement de me dire : « Je ne suis pas si mal. » Et puis on va se retrouver à Gordes, dans le Sud de la France. Pour moi tout ce qui est en dessous de Valence, c’est le Sud. C’est le goût de l’enfance, les couleurs, les odeurs me font vibrer. Il y a aussi une franchise dans les rapports, une authentici­té, une entraide. Je vis depuis vingt ans à Paris, et maintenant je m’y sens bien. Je suis à Montmartre, j’y ai retrouvé l’idée du village, le boulanger, le boucher, le cordonnier, les bonbons que j’achète avec mon fils en sortant de l’école. J’ai pu recréer un cocon familial. J’aime la meute, je suis une louve, et je me sens protégée dans mon quartier.

ET COMMENT VOYEZ-VOUS DEMAIN ?

J’ai une nette tendance à être une éponge, à être très sensible aux autres, à capter les énergies des gens, et on est, aujourd’hui, dans un monde où la tension est palpable, terrible. Mais je garde l’espoir en apportant ma petite pierre à l’édifice, en créant des héroïnes qui m’inspirent, qui sont attachante­s, des femmes que j’aimerai rencontrer. J’ai commencé à écrire un nouveau livre, plus contempora­in, c’est une autre ambiance. Et, après, je terminerai ma trilogie familiale commencée avec La Commode… ●

* Festival Lire à Gordes, les 29 et 30 avril. lireagorde­s.fr

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 ?? ?? Écoute la pluie tomber, d’Olivia Ruiz, Éditions Le Livre de Poche, 192 p., 7,70 €. En librairie le 24 mai.
Écoute la pluie tomber, d’Olivia Ruiz, Éditions Le Livre de Poche, 192 p., 7,70 €. En librairie le 24 mai.

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