Madame Figaro

DivinE Sarah Bernhardt

- S. P.

EXCESSIVE, FANTASQUE,

la comédienne légendaire (photograph­iée par Félix Nadar vers 1864, ci-dessus), disparue il y a cent ans, est célébrée dans de nombreux musées, dont le Petit Palais, à Paris.

IT GIRL AVANT L’HEURE. L’exposition qui s’y tient, Sarah Bernhardt. Et la femme créa la star, rassemble costumes de scène (dont une jupe en queue d’écrevisse), effets personnels prêtés par des collection­neurs et documents rares (dont un registre de police recensant les courtisane­s à Paris où elle apparaît). « Actrice, c’est encore pire qu’une pute de trottoir ! », aurait déclaré sa mère. Et pourtant, celle qu’on appellera « la Divine » deviendra la plus grande tragédienn­e de son temps, célébrée de New York à Paris – sa beauté irréelle, ses yeux clairs, sa minceur devenant les canons de l’époque.

LéGENDE DE SON VIVANT. L’aura de celle pour qui Jean Cocteau avait inventé l’expression « monstre sacré » est encore très vivace. Femme forte et indépendan­te, elle s’est jouée des médias, laissant les échotiers tresser sa légende : « Sarah Bernhardt dort dans un lit-cercueil ! », « Sarah Bernhardt vit avec un boa et un alligator ! »…

EXPERTE EN TRANSGRESS­ION. Elle sera l’une des actrices les mieux payées au monde. En 1880, sa tournée triomphale de sept mois aux États-Unis lui rapportera une petite fortune – 62 000 francs or. Elle adore « ce pays où la femme règne, va et vient, ordonne, instruit, dépense follement et ne remercie jamais ». Toute sa vie, l’actrice, qui fut aussi peintre et sculptrice, aura transgress­é les tabous de la bonne société. En 1900, le Tout-Paris l’acclame dans une pièce d’Edmond Rostand, où elle incarne… un jeune homme de 20 ans (l’Aiglon, fils de Napoléon). Elle a alors 56 ans. Bref, une star d’une modernité renversant­e. ●

« Sarah Bernhardt. Et la femme créa la star », jusqu’au 27 août au Petit Palais, et « Hommage à Sarah Bernhardt », jusqu’au 26 juin au Musée Jean-Jacques Henner, à Paris.

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