Madame Figaro

JULIE GAUTIER ex-apnéiste, danseuse et réalisatri­ce

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MER ET PÈRE. Née à la Réunion, elle commence à plonger à 11 ans, avec son père, chasseur sous-marin. « C’était mon moyen à moi de rester plus longtemps dans l’eau et avec lui. ». Elle développe son sens de l’observatio­n comme la connaissan­ce des comporteme­nts des poissons. À 18 ans, elle découvre que la plongée en apnée, sans bouteille, est une discipline sportive, elle s’y met et décroche deux records en France (à -65 mètres et -68 mètres). C’est encore autre chose : « On a le regard tourné vers soi, on cherche à se dépasser, à montrer nos capacités, notre valeur au monde. »

UN CHEMIN AVEC L’EAU. « Ce n’est pas pour moi un milieu étranger ou risqué. Je suis aussi à l’aise dans l’eau que sur terre. Mais dans l’eau, et particuliè­rement en apnée, on ne peut ni se battre ni aller vite. La progressio­n demande des adaptation­s du corps, des adaptation­s mentales. C’est quelque chose que l’on ramène ensuite avec soi sur terre. Aujourd’hui, je suis quelqu’un d’assez réfléchi, je sais ce que je veux, où je vais, je ne suis pas la même que quand j’avais 20 ans, et l’eau y est forcément pour quelque chose. Mon chemin a été formé par mon expérience avec elle. »

DE L’ART POUR ALERTER. « Je suis une conteuse d’histoires sous-marines. Le côté artistique touche en dehors du milieu marin, touche ceux qui n’ont pas de lien avec l’océan. » Après un documentai­re sur la baignade dans la Loire et le succès mondial de Free Fall (avec Guillaume Néry, lire aussi p. 122), film réalisé en apnée dans un puits naturel de 200 mètres de profondeur aux Bahamas, mimant une chute à l’air libre, elle tournera fin juin son prochain court-métrage artistique, Le Géant Bakélite (la Bakélite est l’ancêtre du plastique, NDLR), produit par Newtopia, société de production de Cyril Dion et de Marion Cotillard. « Une fable écologique pour sensibilis­er à la pollution plastique dans les océans. Ce qui me choque, ce ne sont pas les gros morceaux de plastique (il n’y en a pas tant que ça), ce sont les micromorce­aux que l’on n’arrive plus à éliminer. Même aux Açores, qui sont quand même loin de tout, je les vois. »

“Sensibilis­er à la pollution”

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