Madame Figaro

MARINE OLLIVIER officier commandant adjoint navire d’un sous-marin nucléaire lanceur d’engins

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UN RÊVE DE JEUNESSE. « Servir mon pays a toujours été quelque chose d’important. À l’âge de 14 ans, j’ai lu

Le jour ne se lève pas pour nous, de Robert Merle, qui se déroule dans un SNLE, un sous-marin nucléaire lanceur d’engins. » Exactement le même type que celui sur lequel elle a évolué ces dernières années. « Avec ma naïveté enfantine, je rêvais de ça. Il n’y avait pas de femme sous-marinier à l’époque, et toujours pas quand je suis entrée dans la Marine, en 2010. J’ai passé quatre années “en surface” comme officier mécanicien, et en 2014 j’ai fait connaître mon souhait de passer “de l’autre côté du dioptre”, sous l’eau. En réalité, la porte s’est ouverte, et j’ai été volontaire. » Deux ans et demi de formation plus tard, elle est la première femme nommée au poste d’officier commandant adjoint navire sur SNLE. C’est l’un des grands adjoints du commandant, un noyau de l’état-major, responsabl­e de 50 personnes et chargé de la maintenanc­e et de la gestion technique des installati­ons (chaufferie nucléaire, régénérati­on de l’atmosphère..).

UNE VIE À PART. « Les SNLE assurent la permanence de la mission de dissuasion nucléaire. C’est une seule mais très grande mission. La capacité de délivrer en cas de nécessité l’arme nucléaire depuis la mer est la clé de voûte de la défense française. Nous devons être en mesure de répondre à l’ordre présidenti­el en tout temps. » Et, forcément, de mener une vie à part. « Vous mettez un sous-marin, 16 missiles et 110 personnes (dont deux ou trois femmes), tout ça pendant soixante-dix jours sous l’eau, c’est vertigineu­x ! Dans le même temps, c’est un métier un peu extraordin­aire fait par des gens normaux. Personne n’a le gène de l’isolement. Se priver du soleil, de sa famille pendant soixante-dix jours n’est pas anodin. Un SNLE “écoute”, mais il ne “parle” jamais quand il est en mer. Il est fondu dedans, indétectab­le. Le contact avec l’extérieur se fait par un “Familygram” de 40 mots par semaine. Être dans un milieu hostile crée une communauté de destins assez forte. »

L’EAU PARTOUT ET NULLE PART. « Il n’y a pas de hublot dans un sous-marin, donc on ne la voit jamais la mer. Pourtant, elle est partout : elle nous porte, traverse les collecteur­s. Elle est omniprésen­te. La mer est duale, c’est un élément dangereux qui nous protège, et c’est celui qui m’a toujours le plus attirée, elle fait partie de ma vie. J’ai ainsi été affectée à Brest, à Toulon et à Cherbourg ; il faut se représente­r que mon RER pour aller travailler était alors un transrade ! »

“Soixante-dix jours sous l’Eau, c’est vertigineu­x !”

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