LE CHANT des sirènes

PERLES, SEQUINS, manucures holographiques, fards bleutés ou iridescents, chevelures extralongues à effets mouillés… Des effluves iodés flottent sur les podiums où a émergé la tendance mermaidcore. Un univers inspiré du monde imaginaire des sirènes, qui a notamment été repéré chez Chloé, Nina Ricci, Blumarine ou Ludovic de Saint Sernin (1)… À tel point que ce look aquatique devient viral sur TikTok, où des tutoriels mode et beauté cumulent plus de 200 millions de vues. La ruée vers l’eau s’impose même sur les tapis rouges (de Naomi Campbell à Irina Shayk, en passant par Jessica Chastain) et surtout au cinéma. Halle Bailey (2) incarne une nouvelle Ariel émancipée dans le remake de La Petite Sirène, actuellement à l’affiche, tandis que Dua Lipa (3) en joue une version glamourisée dans Barbie, qui sort cet été. CETTE NOUVELLE ICÔNE prônant l’ultraféminité et l’hyper-sensualité peut-elle être érigée en figure féministe ? « Elle est symbole d’émancipation, parce qu’elle est maîtresse de ses choix. L’héroïne de La Petite Sirène de Disney, notamment, dirige son destin en dehors de toute contingence culturelle ou coutumière », explique Pierre Chavot, historien et auteur du livre Sirènes : au coeur du Peuple des eaux (Éditions Chasse-Marée Glénat). Elle incarne aussi cette liberté que représente la mer. Elle reste une femme inaccessible. » Un point de vue que partage Thomas Zylberman, du bureau de tendances Carlin, qui note un changement de paradigme depuis l’ère #MeToo : « Comme avec la tendance Barbiecore, les femmes s’autorisent le second degré, analyse-t-il. Elles se sentent libres de s’amuser avec ce genre de figures et même de les pousser vers un léger potentiel subversif. »