Madame Figaro

ALIX DE RENTY “Construire sa stratégie d’investisse­ment, c’est d’abord se demander : quels sont mes projets de vie ?”

COFONDATRI­CE DE LADIES BANK, CHEZ ODDO BHF, ELLE CONSEILLE LES FEMMES DANS LA GESTION DE LEUR PATRIMOINE. ET NOUS EXPLIQUE SUR QUELS SUPPORTS INVESTIR SELON SON PROFIL.

- PAR MORGANE MIEL ladiesbank.fr

MADAME FIGARO. – QUAND ON DÉBUTE, PAR OÙ COMMENCER ? ALIX DE RENTY.

– Je conseille de procéder à un état des lieux général, à renouveler chaque année : de combien disposez-vous sur vos comptes, livrets, assurances emprunteur­s, protection sociale, éventuelle­s assurances-vie ? Quelle est la valeur de votre bien immobilier si vous en possédez un ? Puis, déduisez de vos revenus vos dépenses fixes (nounou, école, loyer, courses, vacances…). Ce qui reste, c’est de l’épargne. Vous avez touché une donation, un bonus, un solde de tout compte ? L’ensemble de ces sommes identifiée­s constitue votre capacité d’investisse­ment. Si vous ne rentrez dans aucun de ces scénarios mais que vous remboursez un emprunt immobilier, pas de panique : c’est déjà un placement.

COMMENT CONSTRUIRE UNE STRATÉGIE D’INVESTISSE­MENT ?

Cela revient à se poser une question : quels sont mes projets ? Ai-je besoin de constituer un complément de revenus pour ma retraite ? D’anticiper le financemen­t des études des enfants ? Est-ce que je veux me sentir libre de passer à temps partiel ou de créer mon entreprise à 45 ou 50 ans ? J’aurai alors besoin d’un complément de revenu à plus ou moins court terme. Je vais conserver une partie de mon épargne afin de pouvoir y piocher régulièrem­ent les premiers temps (le livret A et le LDD – actuelleme­nt à 3 % de rendement garanti – restent alors une bonne option, même s’ils ne compensent pas totalement l’inflation) et placer l’autre part (dont je pourrai bénéficier plus tard). Investir est une stratégie plus risquée, qui se joue dans le temps : il faut attendre au moins cinq ans, souvent huit, pour en récolter les fruits. D’où l’importance de s’y prendre tôt.

EXISTE-T-IL DES INVESTISSE­MENTS INCONTOURN­ABLES ?

Tout dépend des profils. Selon vos projets, privilégie­z les actifs liquides, qui peuvent être revendus vite (actions dans des sociétés cotées, investisse­ment dans un fonds côté…). Ou misez sur des actifs illiquides, c’est-à-dire qui ne peuvent être vendus vite et dont vous ne maîtrisez pas précisémen­t la date de sortie, ce qui explique leur meilleur rendement : cela concerne l’investisse­ment dans des entreprise­s non cotées via des structures de private equity le plus souvent ; l’achat de titres dans la société d’un ami ou d’un proche ; l’investisse­ment immobilier. L’idéal étant de diversifie­r le tout, en variant l’horizon de placement, le rendement versus le risque, etc.

LES PLUS-VALUES DES PLACEMENTS EN PRIVATE

EQUITY OU EN ACTIONS SONT SOUMISES à LA

FLAT TAX DE 30 %, CE QUI DIMINUE LEUR ATTRAIT… C’est pourquoi deux solutions existent : vous pouvez investir via une enveloppe fiscale capitalisa­nte, comme le PEA, ou par l’assurance-vie. Le premier est plafonné à 150 000 euros, mais c’est déjà intéressan­t. Et après cinq ans, si vous sortez de l’argent de ce PEA, vous ne payez que les prélèvemen­ts sociaux (actuelleme­nt 17,2 %) sur la plus-value, et non les fameux 30 %. L’assurance-vie permet, elle, de retirer de l’argent à tout moment. Vous ne serez taxé que sur la part de ce retrait qui correspond à la plus-value générale. Ainsi, si j’ai placé 9 000 euros sur une assurance-vie qui a produit 1 000 euros de rendement, ces

1 000 euros représente­nt 10 % de la valeur de l’ensemble (10 000 euros). Si je retire

2 000 euros, je ne serai taxée que sur la part de produit de cette somme, soit 200 euros

(et non sur 1 000). Par ailleurs, à partir de la huitième année, 4 600 euros par personne (soit 9 200 euros par couple) peuvent être défalqués des produits annuels. Vous pouvez donc retirer une somme comprenant jusqu’à 9 200 euros de produits sans être taxé. Ce qui en fait un bon véhicule de placement pour le long terme.

PEUT-ON SE LANCER SEUL ?

Cela peut se révéler très stressant, risqué et chronophag­e… Après avoir établi une stratégie d’investisse­ment avec mes clientes, je leur conseille de faire confiance au départ à une gestion sous mandat afin de se laisser le temps d’apprendre. Le bon gérant effectue les investisse­ments pour vous, selon votre cahier des charges (acheter des actions européenne­s, green…), et il vous rend des comptes. Cela implique de s’acquitter de frais globaux, qui s’élèvent à environ 1 % de la somme déposée.

COMMENT CHOISIR LE BON INTERLOCUT­EUR ?

C’est, je pense, une question de rencontre – d’où l’idée de prendre rendez-vous avec plusieurs banquiers… Le meilleur interlocut­eur est sans doute celui qui vous écoute, prend votre situation en main, et dont les réponses sont toujours claires pour tous… ●

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Alix de Renty.

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