Madame Figaro

Le mystère et la grâce

- I. P.

AVEC SON ATMOSPHÈRE

SINGULIÈRE et son goût pour la peinture, Les Filles au lion avait marqué les esprits en 2017, mais c’est dès 2015 que l’auteure britanniqu­e avait cassé la baraque avec Miniaturis­te, dont voilà la suite, également mystérieus­e et romanesque. Jessie Burton a un talent avéré pour nous transporte­r en toute modernité dans des époques lointaines, ici le début du XVIIIe siècle, à Amsterdam. Thea est une jeune fille passionnée de théâtre et folle amoureuse, en cachette, d’un peintre de décors. Sa mère, Marin, est morte à sa naissance, elle a été élevée par son père, Otto, d’origine africaine, sa tante Nella et la cuisinière Cornelia. Tous l’adorent, mais nourrissen­t pour elle des projets très différents et se débattent dans d’insolubles problèmes financiers.

Cette étrange configurat­ion familiale donne tout son sel au roman, sur fond d’une société rigide qui ne réserve rien de bon à ceux qui n’ont ni la fortune ni la couleur de peau réglementa­ire… Un jour, Thea reçoit une lettre menaçant de dévoiler sa relation avec Walter si elle refuse de payer une grosse somme. Dans le même temps, lui sont adressées deux figurines miniatures ravissante­s, l’une représenta­nt son amoureux et l’autre une jolie maison peinte à l’or fin. De tout cela, Thea ne dit rien, essayant comme elle peut de sauver son amour pour Walter, ainsi que sa réputation et celle de sa famille. Comment, par ailleurs, échapper au projet de mariage que sa tante a concocté pour elle ? Tissant avec virtuosité sentiments, problémati­ques sociales de l’époque et l’énigme des miniatures qui réapparais­sent, le roman saisit sur le vif le parcours d’émancipati­on d’une jeune fille à ce moment de la vie où les rêves se brisent sur la réalité.

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 ?? ?? La Maison dorée, de Jessie Burton, Éditions Gallimard, 464 p., 24 €. Traduit par Laura Derajinski.
La Maison dorée, de Jessie Burton, Éditions Gallimard, 464 p., 24 €. Traduit par Laura Derajinski.

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