Madame Figaro

Rolland Sonia

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L’ACTRICE ET DOCUMENTAR­ISTE SIGNE UN TéLéFILM autobiogra­phique, Un destin inattendu, centré sur son parcours de Miss France. Elle y raconte son tempéramen­t rebelle d’alors, le soutien de son père, les réticences de sa mère, le racisme, la sororité et les coups bas entre concurrent­es… Un feel good movie, qu’elle porte depuis six ans, diffusé sur France 2 pour les fêtes.

MON ACTU ?

Un téléfilm, conte de fées moderne sur mon histoire de candidate à Miss France, de l’inscriptio­n à l’élection.

SUIS-JE PROCHE DE MON HéROïNE ?

Son cheminemen­t et ses liens avec sa famille sont les miens. Beaucoup d’anecdotes sont aussi du vécu : les courriers remplis d’excréments, le licencieme­nt de mon père à cause de Miss France, le racisme… On ne se rend pas toujours compte du tourbillon Miss France, qui crée des jalousies et peut déstabilis­er une famille. En ce qui concerne le profil des autres Miss, il y a des choses que j’ai vues et d’autres qui m’ont été rapportées.

L’ATOUT QUI M’A PERMIS DE DURER ?

Ma double culture, entre enfance bourgeoise en Afrique et cité ouvrière en France. Avoir connu ce déclasseme­nt social a fait de moi un caméléon, capable de s’adapter.

CE QUI ME FAIT ENCORE DOUTER ?

Cette question : suis-je capable de faire autre chose qu’un film sur moi ?

PARLER DE MOI EN PROMO, UNE CORVéE ?

Oui, mais c’est essentiel : l’empreinte de Miss France est très forte, mais j’ai l’impression qu’on ne connaît pas bien Sonia Rolland. Je ne suis pas née le soir de l’élection, le 11 décembre 1999. J’ai un lourd passé qui a beaucoup joué sur ma pugnacité, ce que je raconte dans le film.

LANGUE DE BOIS OU TROP DéLIéE ?

Ma mère me dit souvent de faire plus attention. Comme je suis très engagée, parfois je m’enflamme un peu. Alors j’essaie de remettre le curseur au bon endroit.

LE SUJET QUI ME FAIT SORTIR DE MES GONDS ?

Aucun, car il y a des choses que j’assume mieux aujourd’hui. Mais, entre 20 et 30 ans, ça m’ennuyait qu’on me parle de Miss France. J’étais en pleine mutation, et j’avais l’impression qu’on ne voyait pas les efforts que je fournissai­s.

CE QUE JE PENSE EN ME REGARDANT DANS LE MIROIR DE MA LOGE ?

« Bon courage à la maquilleus­e ! » Plus sérieuseme­nt, j’aime voir mes rides poindre. En revanche, les gens ont du mal avec mon vieillisse­ment, car mon image de Miss m’a figée dans une jeunesse éternelle. Un jour, j’ai reçu ce commentair­e : « Elle a pris un sacré coup de pelle. » C’est d’une violence inouïe. Mais quand j’imagine la personne capable d’écrire ce genre de chose, ça me fait plutôt rire.

UN MALENTENDU à MON SUJET ?

J’ai toujours tout assumé, y compris ma vie personnell­e, parfois difficile. Les médias ont essayé de me faire regretter des relations amoureuses, mais elles m’ont construite tout autant que le reste. Je ne renie rien.

CE QUE J’AIME QU’ON DISE DE MOI ?

J’aime qu’on se concentre sur mon travail de comédienne, de productric­e et réalisatri­ce, car je n’ai rien lâché pour me faire accepter par un métier qui, longtemps, ne m’a pas désirée.

CE QUE JE PRéPARE ?

Un long-métrage, une histoire de reconstruc­tion post-génocide, avec un jeune réalisateu­r belgo-rwandais. Un documentai­re sur le métissage, que je réaliserai. Et la saison 6 de Tropiques criminelle­s. Pourquoi pas aussi une suite à Un destin inattendu sur le quotidien d’une Miss élue, avec tout ce que cela comporte d’absurde, de tendre, de cruel et de fantasmé ?

VOTRE CHARGE MENTALE DU MOMENT ?

La tonne de paperasse qui m’attend après une période où j’ai été très peu à la maison. Je vais aussi rattraper le temps perdu avec mes filles, mais, ça, je ne l’envisage pas comme une charge. J’en ai besoin. Le poids, c’est davantage la vie publique, dont je m’écarte dès que possible pour profiter des miens. ●

« Un destin inattendu », de Sonia Rolland, avec Esther Rollande, Clémentine Célarié… Le 3 janvier, à 21 h 10, sur France 2.

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