Madame Figaro

“Sur ce cliché, j’ai 5 ou6 ans.

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J’ai passé mes vingt premières années dans un mouchoir de poche entre Rouen, Dieppe et Le Havre. Le seul moment où je quittais ce cocon, c’est quand je partais l’été faire du camping en famille. Mes parents étaient profs, on avait donc beaucoup de temps. Ils tenaient à nous faire découvrir la France, ses régions, départemen­t par départemen­t… Là, on doit être en Ardèche, je porte une casquette ridicule, et ma mère – pire ! – un bob, c’est mon père qui prend la photo, qui symbolise bien mon enfance, heureuse, normale. Mes parents s’entendaien­t bien, je me disputais avec mon frère (Baptiste, de quinze mois son aîné, NDLR), mais on passait notre vie ensemble. Petit, j’étais un peu dans les jupes de ma mère ; quand j’allais à l’école maternelle, je pleurais pas mal, parce que la déchirure était trop intense. Alors, ma mère m’avait donné une photo d’elle que je gardais dans ma poche, et quand tout ça était vraiment trop stressant, je parle de ce stress immense auquel il est difficile de résister, je regardais la photo et ça allait mieux. J’étais un enfant assez sage, plutôt bon élève (il écrit “très bon élève” dans sa biographie, NDLR). Avec une mère institutri­ce et un père prof de maths au lycée, je n’avais pas vraiment le choix ! Les bons résultats étaient le prix de ma tranquilli­té… À l’école primaire, je donnais régulièrem­ent des petits mots à ma mère en rentrant le soir, sur lesquels je lui annonçais mes bonnes notes. Je ne sais pas si c’est lié, mais, encore aujourd’hui, ma mère a du mal à me voir comme un adulte responsabl­e. Elle me dit toujours de faire attention. Quand j’étais pilote, elle me disait de ne pas voler trop vite – c’est mignon, non ? »

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