Madame Figaro

“À la fin du collège,

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je ne pensais qu’au basket, j’étais fan de Michael Jordan, des Chicago Bulls… Dans mon groupe d’amis, on a tous été touchés par l’american way of life, on voulait des baskets montantes, des paniers de jeu dans nos jardins… Je suis devenu monomaniaq­ue, ma chambre était tapissée de posters de joueurs, on regardait les VHS des matchs de la NBA en boucle avec mon frère… Le tee-shirt que je porte sur cette photo, je ne mettais que lui ! Je porte un plâtre parce que je viens de me casser le poignet, en jouant au basket, bien sûr… J’étais très athlétique à cet âge-là. Personne dans notre groupe n’a fini joueur profession­nel – même si j’ai un jour joué contre Tony Parker en championna­t départemen­tal. Au lycée, j’ai commencé à avoir une petite copine, au grand dam de ma mère qui avait peur que cela me détourne de mes études, des bonnes notes, etc. J’allais la voir en faisant du stop. J’ai commencé à sortir le soir. En terminale, un copain avait déjà une voiture. Une 2 CV avec laquelle on a fait des milliers de kilomètres pour aller à toutes les soirées. Le compteur d’essence ne marchait pas, on tombait tout le temps en panne. Je me souviens une nuit, à 2 heures du matin, tomber en panne au milieu de la campagne, finir en footing pendant 10 km, prendre de l’essence dans la tondeuse de mon père, repartir à vélo dans l’autre sens, mettre l’essence dans la 2 CV pour revenir… C’était vraiment drôle. Je ne crois pas avoir fait de crise d’adolescenc­e. Mais j’avais l’impression, comme tous les ados, d’être le premier à vivre ces sentiments intenses. Je me souviens de ce jour où j’ai dit à ma mère qu’elle ne comprenait rien. J’avais 16 ans. J’ai appris plus tard qu’elle avait pleuré ce soir-là. Quand je m’en suis rendu compte, ça a été un peu comme une épiphanie. J’ai compris qu’elle voulait juste me protéger, qu’elle n’était pas là pour m’emmerder. C’est à peu près à cet âge-là que j’ai commencé à travailler l’été. Mon premier job, c’était ramasser les poubelles. Les petites mamies me disaient bonjour le matin. J’ai fait ça deux, trois étés, et puis j’ai bossé au Crédit agricole, derrière le guichet. C’est là où j’ai appris à faire les noeuds de cravate. L’aventure spatiale est encore loin. »

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