Madame Figaro

.ALIX PENENT

Directrice éditoriale (FLAMMARION) “Il m’arrive de refuser des textes en disant c’est très bien raconté mais pas écrit”

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SON BUREAU : peu de choses au mur, depuis un an et demi qu’elle y est installée, hormis un tableau offert par Grégoire Bouillier, qui représente ses recherches pour

Le coeur ne cède pas, (2022). Et ses bibliothèq­ues d’auteurs, avec Vivre vite, de Brigitte Giraud, Goncourt 2022, en bonne place.

SON PARCOURS : après le Capes, elle enseigne le français, puis entre dans l’édition en 2002. La Martinière, L’Olivier, Flammarion, depuis douze ans, où elle est directrice éditoriale. Elle publie une vingtaine de romans par an (sur les trente de la maison), la revue Décapage et la collection Poésie.

SA JOURNÉE : une traditionn­elle et suractive au bureau, et une (souvent le vendredi) seule chez elle, dans son lit, face aux feuilles d’un manuscrit jusqu’à la fin de la journée, pour une lecture en continu. « Ce que ne fait quasiment aucun lecteur, mais c’est le seul moyen pour prendre connaissan­ce du texte et voir si quelque chose ne va pas. Je lis très lentement, pour en avoir une vision claire, et une fois terminé, je me laisse une heure ou deux pour réfléchir à ce que le livre dit et raconte au-delà de son histoire… »

LE MÉTIER : « Par rapport à mes débuts, un éditeur ne peut plus se contenter d’éditer son texte. La relation avec l’auteur ne suffit plus ; il faut suivre la presse, faire de la représenta­tion à l’extérieur, accompagne­r les auteurs en librairie, aux festivals, donner les bons outils à la diffusion, choisir la bonne couverture avec le directeur artistique… »

UN BON AUTEUR : « Dans le rapport à l’éditeur, un bon écrivain est un écrivain qui n’est pas bon élève. Qui ne prendra pas tout ce que je lui dis, qui peut contester mais qui a la curiosité d’entendre un retour de lecture à la fois nourri, argumenté et qui pourrait interroger des éléments du texte. C’est ma définition car je travaille sur la copie. J’ai tendance à croire qu’on peut toujours parfaire un texte. »

SA DERNIÈRE PRISE DE RISQUE : « Grégoire Bouillier. J’ai publié Le dossier M, deux tomes de 900 pages, en très grand format. Et l’an dernier, Le coeur ne cède pas, 960 pages, en très grand format aussi. Ce n’est pas vraiment un risque car c’est un très grand auteur. Le seul défi était finalement celui du format, et je l’avais déjà relevé : vous le lisez une fois, moi je l’ai lu trois fois… »

SON FAIT D’ARME : Vivre vite, de Brigitte Giraud, prix Goncourt 2022.

RÉSEAUX SOCIAUX : pour elle, cela consiste à faire surtout de la veille.

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