Madame Figaro

.STéPHANIE POLACK

DIRECTRICE LITTÉRAIRE (STOCK) “Le texte, matière sensible”

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SON BUREAU : dépouillé. Elle ne l’a « pas encore beaucoup investi » depuis un an qu’elle est là. Le dernier était tagué partout. Les oeuvres complètes d’Albertine Sarrazin, chez Pauvert, la suivent au gré de ses bureaux. Une photo de Clint Eastwood côtoie Feu, de Maria Pourchet, et des livres de Dorothée Janin, Blandine Rinkel… Elle travaille aussi beaucoup dans les cafés ou chez elle, avec les auteurs.

SON PARCOURS : une classe préparatoi­re puis un DEA de lettres sur le silence et la littératur­e concentrat­ionnaire, à la Sorbonne. Attachée de presse de Grasset pendant treize ans, elle commence à transmettr­e des manuscrits, devient directrice éditoriale chez Fayard en 2014. Elle est nommée en novembre 2022 directrice littéraire chez Stock (« dixneuf personnes, un couloir »), maison qui a publié son premier roman Route royale (2007). « J’y retrouve un peu Grasset. »

SON OEUVRE : son troisième roman, Les Corps hostiles, va paraître chez Grasset.

SA JOURNÉE : « Rencontrer des auteurs, leur écrire, lire des manuscrits, en parler avec les services de la maison. Rechercher des voix nouvelles. »

LE MÉTIER : « Le travail sur le texte, pour sentir les enjeux du livre, dont l’auteur n’a pas nécessaire­ment encore conscience, et les lui faire clarifier ou développer. Le travail de diffusion du livre : comment, avec qui, comment user des réseaux sociaux… Il n’y a pas vraiment de méthode. Et je refuse de rentrer dans une mystique du marché, un leurre absolu. »

UN BON AUTEUR : « Quelqu’un qui est travaillé par des motifs obsessionn­els. J’aime les oeuvres obsédées par des choses intimes qui entrent en résonance avec le monde. Proust disait que tout écrivain devenait le scribe de son propre livre intérieur. »

SA DERNIÈRE PRISE DE RISQUE : « Maria Pourchet, enfin distinguée par le prix de Flore pour Western. C’est la magie du monde du livre ; quand une voix s’impose, elle s’impose. »

SON FAIT D’ARME : Maria Pourchet. Et les 50 000 exemplaire­s d’Histoire de ta bêtise, de François Bégaudeau (Fayard/Pauvert).

RÉSEAUX SOCIAUX : « Utiles pour déceler tôt qu’il se passe quelque chose, avec des gens différents réagissant à un livre. C’est une dynamique qui nous dépasse, le livre prend et vit sa vie. »

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