Madame Figaro

TATIANA DE ROSNAY

“La lecture de ‘Rebecca’ a changé mon regard sur la féminité”

- À paraître, « Poussière blonde », le 28 février chez Albin Michel.

Vos modèles de beauté ? Lauren Hutton et Helen Mirren. Dans ma famille, j’ai aussi eu la chance de côtoyer deux figures incroyable­s. Ma grand-mère maternelle, une lady anglaise intellectu­elle, d’un raffinemen­t exquis, qui a eu les cheveux blancs très tôt. Et ma grandmère paternelle, la version russe de Vivien Leigh, avec de grands yeux verts, une femme très séductrice et très sportive aussi.

Votre madeleine de Proust cosmétique ? La lavande, qui me rappelle l’odeur de propre de mon grand-père paternel, qui se parfumait à l’eau de lavande.

La lecture qui a changé votre regard sur la féminité ? Rebecca, de Daphné du Maurier, que j’ai lu adolescent­e, m’en a donné une vision audacieuse. C’est une héroïne inclassabl­e, sauvage, indomptabl­e, capable de barrer un bateau sous la tempête, d’amadouer un étalon furieux… aussi belle dans des robes de bal que sur un cheval ou en maillot de bain au bord de la plage. Plus j’avançais dans ce roman, plus je me rendais compte que Max de Winter, son mari, était un abruti… (Rires.)

Une routine beauté ? Je suis une obsédée des sourcils

– je les brosse avec le mascara Sephora. Je fais aussi très attention à ma peau, donc jamais de soleil, mais, après tout, je suis à moitié Anglaise. J’adore l’Huile aux pétales de rose Alaena, les crèmes de jour Avène ou Darphin, et le Soin Blush de Peau, d’Embryoliss­e, qui est divin.

Un parfum inspirant pour l’écriture d’un roman ? Lorsque j’ai écrit la biographie de Daphné du Maurier, Manderley for Ever, j’ai découvert qu’elle portait Vent Vert, de Balmain, un parfum que Colette a décrit comme un « végétal écrasé à la main ». Je l’ai retrouvé sur eBay, car il n’existe plus.

Un conseil ? Celui de Jane Birkin. Elle a dit dans une interview : « Quand on veut se sentir jolie, il faut sourire ! »

Vieillir, est-ce une chance ? Un naufrage ? Juste une réalité ?

Je viens d’une famille où l’apparence comptait plus que tout. Mais, au fil du temps, je me suis défaite de ces carcans, et j’ai notamment fait mon « coming out silver » à 40 ans. Pas facile d’assumer des cheveux blancs, mais j’ai la chance d’avoir un homme dans ma vie qui m’aime ainsi.

La chirurgie esthétique est-elle une option pour vous ?

Non. Je suis désespérée du nombre de femmes, dont certaines très jeunes, qui y ont recours. Je suis souvent horrifiée par le résultat : un front complèteme­nt lisse, des joues énormes. C’est rarement réussi, à mes yeux. Votre définition du style ? Ce qui est singulier, différent. Comment définiriez-vous le vôtre ? Simple : jean Levi’s et gros pull. Mais j’ai gardé de ma période punk, quand j’étais étudiante en Angleterre, mon vieux Perfecto lacéré, mes godillots et mon pendentif lame de rasoir.

À quelle héroïne de la littératur­e décernerie­z-vous la palme du style ? À Renée Saccard, dans La Curée, d’Émile Zola. « La jeune femme semblait sortir toute nue de sa gaine de tulle et de satin, elle était vraiment divine », écrit-il. C’était un peu la Kim Kardashian du Paris de la Belle Époque.

Quel est le couturier le plus romanesque à vos yeux ?

Yves Saint Laurent. Un jour, pour un prix littéraire, j’ai loué un de ses smokings. Je me suis sentie d’une puissance incroyable.

Votre tenue pour écrire ? Un jean pas trop serré, pieds nus et les cheveux relevés. Pas très glamour.

Et pour séduire ? Une robe portefeuil­le Diane von Furstenber­g et des talons hauts.

Votre achat mode le plus fou ? J’ai cassé une fois ma tirelire pour un manteau Ralph Lauren, une sorte de redingote longue en cachemire gris avec un col en fourrure que Renée Saccard aurait pu porter dans La Curée.

À quoi ressemblai­t votre look à 16 ans ? Le pire âge de ma vie, j’étais très mal dans ma peau, je me planquais derrière de gros pulls. Mais je rêvais de ressembler à Marilyn Monroe, car elle était ronde. Mon autre idole, c’était Patti Smith, qui me réconforta­it avec son côté punk.

Qu’est-ce qu’on ne vous fera jamais porter ? Une robe bustier : mes épaules et mes bras m’ont toujours complexée.

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Lauren Hutton.

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