Madame Figaro

EVA IONESCO

“Je pense qu’on garde toujours une jeune femme en nous”

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Vos modèles de beauté ? Les femmes et les actrices de l’âge d’or hollywoodi­en, notamment Marlene Dietrich, mais aussi Catherine Deneuve, ou Isabelle Huppert en bibi noir et petit manteau cintré dans Violette Nozière.

Votre madeleine de Proust cosmétique ? J’adore le rouge à lèvres Rouge Baiser, qui me rappelle mon adolescenc­e. Quand vous embrassiez un garçon avec, vous aviez encore la bouche rouge le lendemain. Et la poudre de Caron que ma grand-mère portait, à l’odeur poudrée.

La lecture qui a changé votre regard sur la féminité ? Lolita, un personnage écrit dont j’étais le personnage vivant, malgré moi. Et Marguerite Duras, en robe blanche très

Taxi Girl, avec les cheveux tirés, elle s’est inventé une image très érotique. Je rajouterai aussi Colette, et Virginia Woolf, une femme d’esprit à la coquetteri­e vraiment inspirante.

Une routine beauté ? J’aime le Blanc de Chanel et les produits de maquillage Christian Louboutin. Côté soin, j’ai longtemps pensé, à tort, que les crèmes grasses à l’américaine étaient les meilleures au monde, avant de passer aux huiles sèches pour la peau.

La chirurgie esthétique est-elle une option pour vous ?

Oui, mais juste des liftings. Pas la bouche de canard ou autre chirurgie lourde.

Un parfum inspirant pour l’écriture d’un roman ? Femme de Rochas, que je portais pour écrire Les Enfants de la nuit.

Il m’évoquait le film Falbalas et le couple mythique que formaient les Rochas. Il y a aussi Chanel N ° 5, le parfum de Marilyn Monroe, Fracas de Robert Piguet. En fait, j’ai plein de flacons de parfum sur ma table de travail.

Le maquillage révèle ou camoufle ? Ça dépend, si on est de mauvaise humeur et qu’on se met trois tonnes de maquillage, on finit par ressembler à une vieille sorcière.

Un conseil ? Dormir avec une guêpière pour avoir la taille fine.

Vieillir, est-ce une chance ? Un naufrage ? Juste une réalité ? Une réalité, mais on peut aussi ne pas en parler. Je pense qu’on garde toujours une jeune femme en nous, et que ressembler à un vieux briscard n’est pas pour nous.

Votre définition du style ? Surtout pas l’accumulati­on de richesses. C’est une allure qui reste en mémoire, un vieux Lisboète, des jeunes de Harlem… Des gens qui me touchent car ils sont gracieux, ont une âme.

Comment définiriez-vous le vôtre ? Je l’ai décrit dans mes romans. J’aime bien me métamorpho­ser, ne pas avoir une seule image. Même si je suis plutôt féminine, soie, talons, robe serrée à la taille.

À quoi sert la mode, selon vous ? À se promener dans les belles avenues de Paris bien habillé, comme le décrivait Saint-Simon dans ses Mémoires.

À quelle héroïne de la littératur­e décernerie­z-vous la palme de l’élégance ? À Ysé, dans Partage de midi, de Paul Claudel.

Quels sont les couturiers les plus romanesque­s à vos yeux ? Christian Dior et Coco Chanel.

Une tenue pour écrire ? En legging.

Pour séduire ? Une robe bustier avec des talons hauts. Votre achat mode le plus fou ? Cet après-midi, un blouson Jean Paul Gaultier vintage en panne de velours, avec une capeline esprit torero et des pompons.

À quoi ressemblai­t votre look à 16 ans ? J’étais très femme, je me trouvais jolie – j’ai aussi connu des périodes moches. J’avais un goût très affirmé, je m’étais dégotté dans une boutique de Pigalle des tailleurs Balenciaga, des vestes croisées Yves Saint Laurent à boutons dorés, des manteaux et des robes bustier Dior… Je voulais ressembler à Bettie Page mais aussi aux teddy girls, ces filles un peu sauvages des années 1950.

Qu’est-ce qu’on ne vous fera jamais porter ?

Des pantalons baggy.

« La Bague au doigt », Éditions Robert Laffont.

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Marlene Dietrich.

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