ENSEMBLE, C’EST MIEUX
Trois questions au Dr Patrick Légeron, psychiatre, coauteur avec Christophe André et Antoine Pelissolo de La Nouvelle Peur des autres, aux Éditions Odile Jacob.
MADAME FIGARO. – POURQUOI LA RELATION AUX AUTRES EST-ELLE SI NÉCESSAIRE ?
DR PATRICK LÉGERON. – « L’homme est un animal social », comme l’a défini Aristote : il vit et agit en interaction permanente avec les autres. C’est nécessaire à sa survie et, au-delà, à sa construction et son épanouissement. Ainsi, l’OMS définit la santé comme un état complet de bien-être physique et mental, mais aussi social ! Les études montrent que la présence d’un soutien social est un facteur prédictif d’amélioration de la longévité : les personnes isolées ont davantage de problèmes de santé et vivent moins longtemps. Il a aussi été démontré qu’un comportement altruiste et bienveillant modifie le fonctionnement du cerveau et favorise la libération de neurotransmetteurs du bien-être – dopamine, sérotonine.
EST-ON PRÉDISPOSÉ À CE LIEN SOCIAL ?
C’est n’est pas forcément inné, mais plutôt éducatif ! Dès le plus jeune âge, il est essentiel de développer l’intelligence émotionnelle, c’est-à-dire d’une part sa capacité à exprimer, à accepter, à comprendre et à travailler sur ses propres émotions (colère, tristesse, déception…), et d’autre part son aptitude à décrypter et à gérer les émotions des autres, ce qui passe essentiellement par de l’empathie. Cette intelligence est une des premières qualités de la relation aux autres.
PEUT-ON DÉVELOPPER SON INTELLIGENCE ÉMOTIONNELLE ?
Ça se travaille en effet. On peut d’abord se fixer comme objectif d’avoir un comportement altruiste plusieurs fois par jour : faire passer devant soi quelqu’un au supermarché, aider une voisine à porter un sac, céder son siège dans le bus… Ensuite, avec ses proches comme au travail, il faut être dans le dialogue, l’écoute et la compréhension. Enfin, il faut chercher des solutions dans le respect de soi et de l’autre. À avoir des relations de qualité, on gagne sur tous les plans, personnels et collectifs.