2 Une vie cousue de FIL D’OR
COCO CHANEL, KARL LAGERFELD, HUBERT DE GIVENCHY,
Yves Saint Laurent, John Galliano… Pendant des décennies, Colette Maciet a été l’indispensable couturière des plus grands créateurs de mode. Petite main à 14 ans, première d’atelier à 30, sa vie se conjugue avec celle de la mode française. Dans son livre Haute Couture *, Madame Colette raconte son destin et les secrets d’un univers créatif d’exception.
Quels ont été vos débuts dans la mode ? J’ai commencé à travailler en 1960, à l’âge de 14 ans. J’ai voulu arrêter l’école et mes parents m’ont dit : « Tu choisis entre couture et coiffure. » Je n’avais aucun talent pour les deux, mais j’ai choisi la couture. La soeur de mon père travaillait en tant que couturière chez Chanel, et c’est comme ça que j’y suis entrée en tant qu’apprentie. Le jour où je suis passée première d’atelier, chez Hanae Mori – la seule créatrice japonaise à avoir obtenu le label haute couture en France –, j’ai vraiment eu la sensation d’obtenir le graal. Et un nom. Désormais, on m’appelait Mme Colette.
Vous avez côtoyé les plus grands couturiers de l’histoire de la mode. Comment expliquez-vous un tel succès ?
J’ai beaucoup observé les autres ouvrières, et on m’a surtout fait confiance. J’ai adoré chaque période de ma vie passée avec tous ces génies créatifs qu’étaient Coco Chanel, Karl Lagerfeld, Hubert de Givenchy ou encore Yves Saint Laurent. Mais les moments les plus fabuleux restent l’entente entre le créateur et la petite main. Ce moment où l’on reçoit le croquis et que l’on prend un bout de toile pour faire sortir le modèle en 3D.
Quel est le meilleur souvenir de votre carrière ? Un jour, M. Saint Laurent m’a fait un super compliment au sujet d’une robe qu’il m’avait donnée presque la veille de la collection : « Je vous ai demandé un saucisson et vous m’avez fait un chef-d’oeuvre. »●